vendredi 6 juin 2025

Jura Suisse - Ascension 2025


Un bien beau week-end prolongé que celui que nous venons de vivre du 29/05 au 01/06/2025. Avec Hugues, Thomas, Robs, Jack coté Continent 7 mais ayant partagé l'activité via notre agenda souterrain, avec aussi notre sympathisant et moins sympathique Aleks (GRSC) ainsi que coté GRSC le couple Zoé-Julien et Fred.

Il nous aura fallu en moyenne 7 heures pour atteindre le mercredi en soirée ou durant la nuit notre destination située à 30 km de la frontière franco-suisse, franchie par des petites routes dignes de contrebandiers pour éviter la vignette d'autoroute.  Notre pied à terre : le refuge du Spéléo Club du Jura, une énorme et étonnante vieille ferme superbement retapée "les Grand-Champs" où nous avons été accueilli par deux représentants aux différents accents bien Suisses :-) Merci à eux et à leur secrétaire Vanessa de nous avoir permit de disposer des lieux où tout respire la spéléo !


Jeudi : épargnés ou pas par les ronflements, tout le monde se retrouve pour le déjeuner "3-6-9" suivant le temps de cuisson des oeufs. Le pot de Kwata est aussi solennellement entamé ! ON a ainsi de quoi tenir la journée avec au programme la classique du Jura Suisse : le Creux d'Entier, cavité à prédominance verticale (-160m). Robs et moi y avions sévit le siècle dernier, lors d'un exercice du Spéléo Secours Belge De vagues souvenirs mais certainement pas de l'accès quelque part au dessus des gorges du Pichoux, à un quart d'heures de voiture du chalet. Un peu contrariés par le manque de 4G non compris dans nos abonnements télécom en CH, on finira par trouver l'entrée dans trop tâtonner.



Hormis le puits d'entrée, la cavité est équipée en fixe, si bien qu'on a pu ainsi en quelques heures se permettre de descendre jusqu'au méandre terminale après un crochet par le réseau intermédiaire avec sa galerie des "poupées". Sans être exceptionnelle, la cavité a quand même de quoi satisfaire ceux qui veulent jouer sur cordes, avec une série de vastes puits ma foi esthétique, même si le concrétionnèrent pourtant bien existant est assez terne. Ce fut en tout cas pour les moins expérimentés d'entre nous une expérience enrichissante, un record de profondeur même ou encore une première à l'étranger !


Tout ça méritait bien un bon plat de spaghetti maison, arrosé comme il se doit avant une nouvelle nuit dans notre palace.

Vendredi : jour J puisque nous allons faire la traversée de la Grotte de Milandre, objectif principal du camp. Pour cette sortie, nous serons accompagné d'Andreas, pur suisse allemand. Pascal, francophone pure souche du coin, à l'accent aussi coupé au couteau (suisse :-), est là aussi en soutien de surface. Première étape, remonter jusqu'à Boncourt, à la frontière, à quelques 40 min d'auto, pour atteindre Le Mairat et y laisser les véhicules à la sortie du trou. Une fois tous équipés, Pascal nous a amené à l'entrée inférieure, jadis touristique, nous évitant ainsi une longue marche d'approche.

L'entrée, type bunker, donne sur une série d'escaliers bien mal en point, tout comme le sont les anciennes installations électriques. Andreas nous explique que le SCJ a lors de journées de découverte guider dans cette partie près de 1000 visiteurs en quelques jours. Ce premier tronçon, aval du système, se met parfois en charge; bien qu'il y ait du volume, il n'est pas des plus joli. S'en suit ensuite un assez long parcours ou 4 patttes et ramping dans la glaise s'enchainent. Pas mal de concrétions mais ternes forcément. On atteint alors au bout de ce crapahut la rivière. Etiage relatif, avec +/-100 l/sec et une eau limpide. A partir d'ici, on ne l'a quittera que très rarement pour shunter un siphon ou l'autre. Souvent avec l'eau jusqu'aux genoux mais aussi à plusieurs endroits jusqu'aux aisselles, la néoprène est appréciée, d'autant que c'est à partir d'ici une remontée de 4km qui nous attend. Une progression bluffante, tant elle est diversifiée, avec en point d'orgue un enchainement de cascades et tout en amont un festival de calcite. Une virée de +/- 4h30 pour terminer par la remontée du puits de Mairat par une échelle fixe de 20m (une corde d'assurance n'est pas inutile...). On imagine bien les efforts qu'à nécessité la percée en pleine prairie de cet accès voulu pour atteindre au plus vite l'amont où les anciens avaient de gros espoirs de poursuivre les explos. Au final, pour ne pas découvrir grand chose de plus mais en réalisant ça, ils ont ouvert un itinéraire qu'on a désormais plaisir à parcourir en aller simple.


Cerise sur le gâteau, à même la sortie du puits, le SCJ y a construit une cabane, dans le plus pure style jurassien. Pascal nous y accueille d'ailleurs avec ce qu'il reste de cannettes de bière. L'endroit est idyllique au possible, surtout sous le beau grand soleil qui a vite fait de réchauffer nos carcasse et sécher notre matériel.(voir photo de couverture)

Retour en soirée au Grand Champs pour un couscous royal, les merguez cuites au barbecue.

Samedi :nous avons rendez-vous à Oberdorf à 10 h avec notre ami Christophe, dit Bando pour une descente du canyon Chesselbach, Ce n'est pas la porte à coté, il nous faut bien tout pour rejoindre la station supérieure du télésiège de Weissenstein où nous le retrouvons en cie de Anne-So. Ils ont laissé leur véhicule à la station inférieure. Ensemble, nous rejoignons le départ du canyon par une marche d'une petite demi-heure en descente jusqu'à finir dans le ruisseau sinuant à travers un tapis d'ail des ours. Il est midi bien fait quand nous abordons le premier rappel.


Pour Ju, Zoé, Aleks, Hugues, Fred,, cette activité est une première; ils comptent bien en profiter un max et en apprendre le plus possible sur les techniques spécifiques à cette discipline jadis qualifiée de "spéléo au soleil" mais qui depuis a bien évolué. 

Breveté EFS, Bando y met toute sa pédagogie pour expliquer "les ficelles" du canyoning si bien qu'au fil des cascades, nos ouailles ont vite compris les principales manœuvres et même les appliquer question d'accélérer un peu le rythme car à 9, les attentes commençaient à devenir un peu longues, d'autant que s'étant imaginé qu'il y aurait peu d'eau et plus de soleil, nous étions quelques uns à avoir opté pour une tenue un peu light. Dorénavant, chaud ou pas chaud, sera full néo et en 5mm !


Nous sortons du défilé en fin d'après midi. Les navettes véhicules effectuées, le retour au gîte s'avère un peu galère. A refaire, même pour 4 jours, on aurait pris la vignette autoroute. 48.7 euros quand même:-(.

Du coup, il est bien tard lorsque nous nous ruons sur les caquelons de la fondue préparée dans les règles de l'art par nos deux expatriés, que nous remercions chaleureusement !

Dimanche : point de vraie grasse mat, juste un petit déjeuner sans courir avant de ranger et nettoyer. Robs, Fred, Tom, Ju et Zo peuvent ainsi reprendre la route et rentrer à l'aise en Belgique. 


Hugues, Aleks et moi avons opté pour faire un crochet par le Doubs, plus précisément par les Echelles de la Mort, où  précisément le Doubs fait frontière franco-suisse entre deux flancs de falaises abruptes au point qu'il faut faire un sacré détour pour atteindre le départ des randos au fond des gorges (passage entre autre du GR5). Hugues te lancera dans la via ferrata tandis qu'avec Aleks nous ferons une chouette boucle, par le balcon à l'aller, en longeant la rivière au retour. Magique. On finira la journée par un apéro au bord du lac de Biaufond et dodo sous abr iprès de la centrale du Refrain,


Lundi : après les orages de la nuit, à 6 heures du mat, l'ambiance dans les gorges est tout autre ! C'est sans regret que nous remontons prendre la route départementale où nus sommes surpris de croiser de si bonne heure une caravane de voitures une dernière l'autre, à vive allure et sur des kms, genre exode ?!


La GALERIE PHOTOS COMPLETE

Photos de Thomas, Hugues, Aleks

CR : Jack






dimanche 14 janvier 2024

Grotte de Ramioul

C'était presqu'il y a un demi siècle - jeune débutant que j'étais- j'avais eu l'occasion de visiter le réseau inférieur de la grotte de Ramioul en cie d'un célèbre et pittoresque spéléos du club les  Chercheurs de Wallonie, le docteur Discry,  J'avoue ne plus avoir beaucoup de souvenir, sinon que la faille d'accès était étroite, qu'il y avait une concrétion assez particulière (La cloche) et puis que l'appareil de mesure du CO2 de notre guide avait affiché des taux nous obligeant à rebrousser chemin.

Squelette schématique du plan. La coupe n'existe pas semble-t-il

En ces temps là, la problématique de l'extension des carrières de Carmeuse faisait rage. Autour de JM Hubart, les spéléos se battaient becs et ongles pour tenter de sauver la grotte au développement kilomètrique et se développant sur plusieurs niveaux, dont une partie qui plus est touristique. Au final, elle sera préservée, isolée dans une bande calcaire, mais  entourée au fil des ans de profondes carrières allant jusqu'à 25 m sous le niveau de la Meuse !

Plus récemment, bien que ça date aussi, le GRSC ouvrira une nouvelle cavité en bordure du site, la Grotte Nicole (épouse de JM). Viendront ensuite ces derniers temps de nouveaux travaux du GRSC (voir leur blog) sur un nouveau phénomène, la grotte des Végétations. Tout ça en concertation avec le Préhistomuseum, avec les Chercheurs de Wallonie et les patrons carriers. Et donc, par la même occasion, l'autorisation ponctuelle de revoir le fameux réseau inférieur de la grotte de Ramioul.

La mission de ce 13/01/2024 consistait à tenter de déterminer avec deux appareils ARVA la distance séparant le fond de la grotte Nicole et le terminus N en aval de l'actif de Ramioul. Coté Nicole, ce sont Patrice et Alain qui s'y sont "collés", alors que Luc faisait des observations géologiques intéressantes.

Coté Ramioul, c'est en cie de Nicolas G., passionné par la cavité, que je suis descendu, redécouvrant un accès maintenant défendu par une porte hermétique (pour éviter la remontée du CO2 fort présent en été vers le réseau touristique). Suivent un ressaut pas bien large, suivi d'une verticale avec toujours l'échelle fixe de l'époque, encore un autre facile pour finir sur un dernier jet difficile à négocier car étroit tout du long.

Dessous, on a un beau volume au pied duquel la rivière disparait. C'est sur une terrasse en contrehaut que nous plaçons notre ARVA en mode émission. C'est là que les relevés topos montre que la grotte Nicole est très proche.  Côté Nicole, si on peut s'y fier, l'ARVA affichait une distance de 7.5m. Nous aurions aimé affiner les relevés en communiquant par talkies walkie mais le notre était défaillant :-(. Toujours est-il que de part et d'autre, nous avons constaté le même argile très compact qui pourrait peut être faire l'objet d'une désob musclée et permettre la jonction espérée. A suivre.



Cela étant, nous sommes remontés ensuite en partie la rivière ma foi très jolie. Et ainsi de revoir la fameuse "cloche" mais aussi cette superbe draperie baptisée l'Eléphant ". Sur le parcours, intrigué par les explications de Nico à propos du réseau Est, je lui propose d'aller voir cette zone infranchissable mais que les anciens avaient pourtant dépassé. D'autant plus intéressant que c'est de là que vient depuis quelques temps la majeure partie de l'actif. On explique ça avec probablement les gros chamboulements occasionnés en surface par l'extraction des carriers. En fouillant un peu, un endroit s'avère être celui qui mène à la suite. Une coulée et un petit éboulement ont obstrué le passage. Une courte désob permet d'ouvrir le ressaut où se trouvent toujours quelques étançons de bois pourris. Ca mériterait une consolidation mais ça reste assez stable. Du coup, heureux de pouvoir retourner sur les traces des découvreurs, Nicolas s'y est faufiler pour parcourir +/-25 m  figurant sur le plan d'époque. En analysant bien le terminus, la conclusion est que ça vaudrait une bonne séance de travail pour tenter de dépasser ce qui ressemble à un siphon mais avec possibilité peut-être de le contourner. Donc, à revoir !



Nous monterons encore, via une escalade,  à la salle supérieur qui vaut vraiment le détour. Elle recèle des traces de mises en charge datées d'au moins 2500 ans ! Au delà, la rivière peut être encore remontée très loin via un long parcours très sportif que nous ne ferons pas aujourd'hui.

La sortie par les puits demande comme prévu un peu d'aisance technique mais faut ce qui faut !

On finira par un débriefing au "Clapotis" à Engis, bistrot de village par excellence où nous ne dénotons pas ;-)

Cuvée 1988, la meilleure année de tout les temps ! Vidange trouvée au pied de la grande salle.