dimanche 4 novembre 2007

Découverte Post S7 : Oufti Mannekes !!!


Chronique d'une première annoncée

Si on s'en réfère aux différents résumés déjà parus sur le site d'Avalon (en néerlandais), sur le Spéléoblog et les Horizons Cachés mais aussi dans Regards, on savait le binôme palmé Michel Pauwels/Jacques Petit sur le point de courtcircuiter le S7 impénétrable, la suite étant visible !

Boostée à l'idée de pouvoir reprendre enfin sa course vers l'aval du réseau, l'équipe de Paul De Bie avait les semaines suivantes mis les bouchées doubles pour élimer une fois pour toute et au même titre que les précédents, le siphon "Moche" (S5) pour ensuite pomper le S6.

La date de ce dimanche 25 octobre avait alors été arrêtée pour que plongeurs et pompeurs franchissent ensemble le boyau étroit de la salle des Cinquantenaires.

M'étant impliqué précédemment lors de portage bouteilles et justement occupé à rédiger un article pour le Regards, le SC Avalon avait jugé bon de m'inviter à cette sortie prometteuse. Seule "condition", emporter mon Apn étanche, ma néo et être en forme.

C'est ainsi que on ne peut plus ponctuels et coordonnés, Jacques, Michel et moi retrouvons-nous sur place à 9h30 précises le team Paul, Frank, Mario et Jos. Suivant un plan d'action précis et bien rôdé, le fidèle groupe électrogène est installé et mit en route en bordure de la doline. Dans les sacs minutieusement préparés par les Anversois, une pompe et tout un attirail pour réaliser les travaux d'égouttage et de désobstruction en milieu confiné et plus qu'humide. Pas de mato de plongée cette fois mais en échange deux tuyaux annelés de 10 m en dur et de grosse section à brinqueballer jusqu'au S6.

Tout le bazar est ainsi acheminé par siphons exterminés et boyaux englués jusque derrière "Feu le siphon Moche". C'est là que Monsieur Bricolage entre en action. Scie, bombe de silicone, joints, raccords, rustines, ... toute la panoplie du parfait petit plombier est mise en oeuvre pour qu'une fois l'eau pompée dans le S6, tout le ruisseau soit collecté à partir d'un barrage fabriqué en amont du S5 et puisse repartir canalisé jusque dans la vasque du S7.

Bien que rondement menée, la manoeuvre prend du temps. J'en profite pour mitrailler cette première scène. La suivante consiste à désiphonner le S6 et y passer les nouveaux tuyaux dument reliés de manière étanche aux précédents. La météo clémente de cet automne aidant, le débit est raisonnable et le niveau assez bas. Quelques 10 min après, Paul peut s'engager et franchir le cloaque en traînant derrière lui la pompe jusqu'au point bas. Jacques emboite le pas en trainant les nouveaux tuyaux. Il est suivi de Michel qui fait passer le bidon protégeant la foreuse sur accu. Pendant que Paul met tout en oeuvre pour éliminer le coude récalcitrant du futur shunt et qu'en amont, nos amis s'assurent que tout fonctionne bien, nous -les mineurs wallons- extrayons les bacs de boue liquide du siphon pour faciliter le franchissement d'un coude mal commode. Alors que deux bouts de fil électrique et une pile ont raison de l'obstacle terminal, l'info qu'une pompe a rendu l'âme nous parvient... Il s'avère toutefois que cela n'a pas d'incidence et que l'on peut s'en passer... Par prudence, Mario monte la garde et sera relayé plus tard.

Les blocs enlevés du shunt, nous le franchissons un à un pour fouler du vierge ! C'est haut et large ! Le ruisseau est de nouveau à nos pieds sous de hautes draperies tombant du plafond jusqu'au sol, ce qui nous oblige de suite à un court ramping. Je l'ai a peine franchi que le trio de tête nous annonce au bout d'une quinzaine de mètres la présence d'un... affreux S8 !

Nous ne cherchons pas à en savoir plus car en rive droite, une amorce de galerie s'ouvre dans le plafond. A la queue leu leu, nous franchissons le ressaut pour nous engager dans une galerie à la fois boueuse et recouverte de minuscules cristaux scintillants. Celle-ci se transforme en laminoir avant d'aller buter sur une barrière de concrétions que nous parvenons à forcer pour finalement s'amenuiser dans ce qui ressemble à un amont jusqu'à ne laisser visible qu'un boyau impénétrable sans désob.

Retour à la bifurcation et autres départs délaissés pour tout le monde en espérant y trouver la suite. Mais vu qu'il n'y a pas place pour tout le monde, Frank décide d'empoigner une petite spatule pour aller gratter dans le pertuis dont je viens de parler. Je l'accompagne. Le temps qu'il s'occupe d'arranger sa frontale récalcitrante, je m'applique à abaisser le sol en enlevant des galets de glaise sur une épaisseur de 10 cm. Frank me relaye mais nos deux paires de biceps de bureaucrates en néoprène sont vite dégonflés. C'est bien plus facile d'enlever le casque et expirer un bon coup. Et ça passe ! Reste à se traîner jusqu'au coude qui risque de stopper net notre élan. Mais à ma grande surprise, Frank m'annonce que ça continue ! Et nous voici en train de remonter une galerie ma foi relativement spacieuse et très raide. Et nul doute, il y a un courant d'air ! Nous faisons ainsi par gradin une vingtaine de mètre jusqu'à être gêné en pleine pente par un plancher stalagmitique concrétionné.

-"Faut prévenir les autres !" me dit Frank. -"Natuurlijk ! J'y vais."

Derrière le boyau, j'aperçois Mario à qui j'explique la situation pour qu'il ait chercher les copains et récupère mon apn avant de rejoindre Frank qui à son tour décide de faire la navette pour aller élargir quelque peu le passage. Mais pas assez pour ne pas revenir seul... Cependant, nous avons obtenu l'aval du "Président" pour pousser plus loin notre explo. Paul est en effet occupé à s'acharner un marteau à bout de bras sur une passage qui pourrait court-circuiter le siphon "8".

Ni une ni deux, nous enjambons avec d'infinies précautions le plancher stalagmitique pour finalement atteindre un "col". En effet, derrière ça redescend et nous voici dans de la galerie confortable. Tout surpris de pouvoir évoluer aussi facilement et de surcroit dans du relativement "propre", nous avançons jusqu'à rencontrer le plus beau décor de la grotte, baptisée illico par Frank "Clair-Obscur".


Le temps d'une ou deux photos embuées prises sur le vif, et nous cherchons la suite. A gauche, un boyau semble prometteur mais nécessite d'être agrandi. Ce sera pour plus tard. A droite, ça sent le siphon. Je me vautre dans ce soupirail, certain de buter rapidement sur de l'eau. Et de fait, elle est là mais tellement claire que je ne l'avais pas vue car stagnante. S'il y a une suite, c'est en voûte mouillante.... Et zut, pour en être sûr, il faut se mettre au jus... Prêt à renoncer, je réalise que je suis en néoprène... Rassuré, je m'y lance sans hésitation. Et ça passe ! Une dizaine de mètres avec juste la tête hors de l'eau dans 50 cm de profondeur et me voici au sommet d'une série de cascatelles qui sous l'effet de mes vagues et des brassées de Frank se mettent à couler à grand bruit comme ça doit être parfois le cas lorsque la galerie devient active. A leur pied, de superbes marmites, profondes à souhait. On se croirait à "Océade" lance mon compagnon. Adjugé pour le nom de baptême ! Au bas de cette séries de ressauts désescaladés aisément, nous laissons sur la droite un toboggan remontant tapissé d'une trainée blanchâtre qui semble bien fragile. Mais pour l'instant, la suite de la galerie nous tend les bras. On s'y rue, tantôt debout, tantôt sur les genoux, tantôt couchés. A plusieurs reprises, nous nous attendons à buter sur un siphon car les sédiments se font de plus en plus présents. Mais ça passe à chaque fois, tout en perdant l'air de rien pas mal de dénivellé. Avec un peu de bol, peut-être retrouverons le niveau de base, la rivière pérenne ? Au bout d'une centaine de mètres, en nage, nous butons finalement sur ce que nous redoutions. Het sifon... Dans mon élan, je m'y laisse filer jusqu'aux narines. Boueux et pentu c'est indéniable mais pas bouché directement si j'en crois les bouts de mes pieds...

AMMAÏ ! OUFTI ! C'est tout ce que nous trouvons à dire...Frank en pur flamand et moi en pur wallon.... tout deux sur la même longueur d'ondes.
Quelle première ! On se congratule, plus belges que jamais.

C'est pas tout ça, mais faut remonter maintenant, annoncer la nouvelle aux vrienden. Question d'avoir une idée de la longueur parcourue, je compte mes pas. J'en suis à 110 m estimés quand nous rejoint Paul qui n'en revient pas d'une telle découverte. Et dire que Michel est ressorti sans voir ça (un RDV promis à Madame :-). Une autre Madame pour qui nous avons en ce moment magique une pensée, c'est Annette, qui clouée à la maison des suites de son accident sur la Pierre cette été devra patienter avant de remettre "le pied" sous terre.

L'euphorie de la première passée, j'ai faim, j'ai soif surtout ! Mais il reste encore beaucoup d'efforts à fournir avant de pouvoir profiter d'une bonne bière à la sortie de la grotte et d'une autre à la terrasse du bistrot habituel.

Une galerie photo suivra...
Jack

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Jack