Jamais trop tard pour bien faire... voici exhumé un compte rendu inédit de nos aventures en "RLC" :-)
Les camps sur le massif de Ger ( Pyrénées Atlantiques, France) se suivent
et ce qui pourrait paraitre routinier après tant d'années à se rendre là haut ne l’est décidément pas.
Bien-sûr, il y a encore
eu les préparatifs fastidieux mais avec cette fois moins de stress grâce en
particulier à l’implication de Marc.
Évidemment, il y eu
encore beaucoup d’incertitude sur la présence des participants, la grippe
mexicaine ayant bien failli nous priver de la présence des époux Bando-Dethy.
Par contre, pourtant cette année sûr de son coup, Robs a dû renoncer à quelques jours du départ, d’où un flou
artistique jusqu’en dernière minute pour les déplacements. Un casse-tête rendu
d’autant plus problématique qu’il y avait 3 départs échelonnés pour seulement 8
personnes, dont Luc et Jack qui allaient continuer leur séjour
en rejoignant l’Interclub Anialarra
sur la PSM pour
des durées différentes.
On covoiturera finalement
au plus économique (camionnettes de JCL, CB et LB), tout en bénéficiant tant à
l’aller qu’au retour d’un trafic fluide, ce qui n’est pas pour déplaire quand
on va si loin.
Étape de quelques heures au petit matin dans les Landes |
Arrivés sur place le mercredi 22/08 à la caserne de Gourette, accueil toujours aussi chaleureux du dévoué Serge et des pompiers de faction.
Mais avec malheureusement
d’emblée une mauvaise nouvelle quant à l’état de la piste 4x4, infranchissable
depuis quelques jours à la suite d’un orage qui côté Eaux Chaudes avait ravagé
quelques 200 toitures (grêle)… Même « couille » que l’an dernier... :
Serge nous dépose avec armes et
bagages à la station intermédiaire, soit à 2 heures de marche des lacs du Plaa
Segouné… Et de surcroît avec peu d’espoir de voir la piste réparée d’ici la fin
de notre séjour, la pelle mécanique n’étant pas disponible. Sale affaire pour Jack, Françoise, Marc et Arno venus
en « éclaireurs » pour mettre le camp en place avant l’arrivée de Luc et Catherine, Christophe et Anne-So.
Condamnés à se farcir les 600
m de dénivellation supplémentaire, ils camperont la
première nuit aux abords du lac. Le temps est clair mais le vent très violent la
nuit, au point de mettre les tentes d’altitude à rude épreuve. Marc pour qui c’est le baptême du Ger en
a déjà pour son argent. Félicitons-le d’emblée pour le courage, son moral et la
bonne humeur dont il a fait preuve, malgré on le sait ses facultés physiques
diminuées. Lui comme Anne So et Catherine
seront évidemment enchanté(e)s pour ne pas dire envouté(e)s par l’ambiance règnant
en République Libre du Capéran !
Surtout - autant le dire une fois pour toute- que le grand beau sera de la
partie tout le reste du séjour, nous offrant soleil de plomb, océans de nuages à
nos pieds, couchers de soleil enflammés et voie lactée. Et à peine une journée
moins lumineuse.
Revenons-en aux portages
supplémentaires nécessaires au bon déroulement de notre projet de poursuivre l’exploration
au Gouffre de l’Aurébède (faute de renforts, les recherches au fond du Gouffre
du Rocher de Louctores ont été mises en veilleuse cette année). Impliquant les
ouvriers de la station et leur chef de chantier, Jack finira le lendemain à faire monter tous le bardas d’un étage
en profitant de l’entretien sur le télésiège desservant à partir d’Artigues la
cuvette du Plaa Ségouné, elle-même encore à ¾ heures du terminus carrossable.
Mais revers de la médaille, la grosse incertitude du coup sur la possibilité
d’en profiter aussi pour la descente à la fin du camp.... Faut-il vraiment
s’acharner dans ces conditions ? Ne serait-ce pas plus malin de
s’installer ici et aller aux Isards par exemple ? Ou monter un camp de
fortune aux lacs et rayonner de là ? Mais c’eut été dommage pour ceux qui
comptaient bien découvrir le Capéran. Restait aussi la solution de ne viser
qu’un petit objectif au fond de l’UL1, voire un phénomène délaissé sur le
lapiaz. Finalement, la solution viendra d’Arnaud
qui se « sacrifiera » en abandonnant l’idée d’aller sous terre,
s’allégeant déjà de son mato spéléo pour se consacrer les jours à venir aux portages nécessaires au rééquipement de
l’Aurébède.
.
Ca n’empêche
que deux journées sont d’office perdues, même si le soir même le Capéran est
atteint et l’abri monté au finish.
.
A l’arrivée du reste de la troupe le samedi 25/07 après midi, Serge a la gentillesse de refaire comme
convenu une navette mais suivant le même scénario « catastrophe »
qui inciteront les nouveaux arrivés à
reconditionner leur matériel en fonction de la nouvelle donne, attentif dès
lors à la formule «petit ça+ petit ça+petit ça= déjà trop
lourd ». Leur premier portage d’une longue série sera donc aujourd’hui
celui de l’essentiel, accompagnés à partir de la station supérieur du télésiège
de JC et Arnaud venus à leur rencontre via les cols du Ger et du Plaa Segouné
pour, eux aussi, se recharger les épaules. Direction le camp qu’il est toujours
agréable d’atteindre quand on a que sa tente à planter et sa gamelle à
présenter pour souper sous l’abri collectif déjà en place.
Dimanche 26/07 : c’est une belle journée de portage qui s’annonce à nouveau
(chouette !!). Mais sur le trajet de la veille, ça a chauffé dans les
godasses. Catherine s’en sort avec
quelques ampoules qu’elle arrive à soigner mais Luc n’a pas cette chance. Lors d’une sortie vers les toilettes avec vue sur mer svp (de nuages
bien sûr), les lambeaux de peau qui restaient accrochés à ses talons
s’arrachent. A vifs, il ne peut pas se permettre de rechausser ses pompes et ne
pourra donc pas nous accompagner aujourd’hui. Au bout du compte, il passera le
reste du séjour en sandales, que ce soit sac au dos, sur le
lapiaz ou dans les pierriers, ce qui lui donnera un petit air de pèlerin (nous ne sommes pas loin de
Lourdes). Mais pas question de mettre ses blessures macérer sous terre et
hypothéquer les explos sur Anialarra.
Départ en
groupe via le col de l’Aucupat pour varier les plaisirs et donner l’occasion
aux « bleus » de découvrir le secteur. Et tandis que certains rentrent
directement au camp, Jack, Bando, Anne-So
et Catherine s’en retourneront
jusqu’au dépôt (avec même un crochet à la station intermédiaire pour récupérer
les affaires laissés là.). Plus chargés encore que la veille, le chemin inverse
effectué sous un soleil de plomb sera comme il se soit inoubliable. Mais en fin
de compte, ce dernier effort aura permit de ravitailler pour de bon le camp
mais aussi de déposer au passage le matos spéléo au col de Ger, à quelques jets
de pierres de l’objectif situé côté lapiaz de l’Amoulat, l’AM231, alias l’Aurébède.
Ce dernier
trajet nous aura permis d’apprécier à sa juste valeur l’aide que nous ont
apporté Anne-So et Catherine. Selon la tradition (surtout perpétuée par Jack
toujours à l’affût d’un bon mot) nous rebaptisons Catherine, Cath x Cath (et
plus tard Cath² seulement pour les génies en mathématique) et Anne-Sophie, Âne-So (évidemment) mais attention :
dans le sens noble du terme, en référence aux ânes de bât toujours vaillants et
qui ne rechignent jamais à la tâche :o). Tout ça méritait bien en fin de journée
une bonne douche (solaire) chaude et un bon plat préparé par les amis.
Tout ça mis enfin en
place, l’équipe de pointe (Bando et Jack)
réduite à sa plus simple expression, effectue une première descente dans la
foulée le lundi 28/07, la première
tâche étant de remplacer une grande partie des cordes en place par 400 m de 9 mm neuves. Faut dire que
celles que nous avions installées lors des camps précédents n’étaient plus très
fraîches, la plupart ayant déjà fait leur vie soit dans l’UL1, soit au LC1.
Approche A/R et TPST
(10h) confondus, ce sera déjà une belle sortie, bien chargés, pour rebrousser
chemin vers -300, à bout de la
première C200, les cordes encore potables étant réaffectées
aux mains-courantes. Il nous faudra 2 heures pour sortir, malgré une certaine
fatigue accumulée les jours précédents. Toujours bon à savoir pour la suite.
Au camp,
les filles ont cherché le soleil toute la journée. La mer de
nuage à marée haute. Le temps de bronzage se comptait en minutes. Fallait vivre
ça au moins une fois pour dire de
connaître le Capéran !
Marc, Arnaud et Luc
(en tenue décontractée, jeans, baskets et sandalettes, plus adaptée à la vallée
qu’a la randonnée à cette altitude) se sont mis à la recherche de quelques
chantiers qu’ils n’ont évidemment pas trouvés dans la brume.
Mardi 28/07. Aujourd’hui, c’est une journée de repos. Du
repos tout relatif car nous en profitons pour faire du repérage en surface.
Jack, Marc, Arnaud
et Luc arpentent le lapiaz à l’ouest
du Capéran en compagnie de Françoise et de Catherine qui profitent de l’occasion pour observer fleurs et
isards. Durant la journée, les hommes repèrent, pointent au GPS et marquent ou
remarquent une série de trous.
Le cas du
UL70 est à relater. Nos prospecteurs redécouvrent un trou marqué UL sans que le
numéro ne soit lisible. Ils décident de le remarquer UL70, pensant que ce
chiffre était suffisamment élevé pour ne jamais avoir été utilisé. Manque de
pot, plus loin ils tombent sur un nouveau trou marqué UL…70 évidemment. Ce
dernier est rebaptisé UL 76 par un savant travail de faussaire. De toute
manière, rien de vraiment transcendant.
Leur
prospection les amène à découvrir à quelques mètre du chemin que nous
empruntons depuis toujours pour nous rendre au LC1 : une terrasse
travaillée par la main de l’homme et retenue par un véritable ouvrage de
maçonnerie. A quoi a-t-elle pu bien servir à cet endroit ? Et quand ?
De son coté
Bando s’est mis en tête d’aller avec Anne-So côté Louctores pour descendre à partir du gouffre LC 1 jusqu’aux abords
de la forêt et arpenter ainsi le lapiaz visible sur les photos aériennes via Google
Earth. Le but est d’essayer d’aller à
l’aplomb de notre pointe actuelle (à -600m de profondeur).
La progression
s’avèrera très difficile. Les nombreux à-pics qui en surface séparent l’entrée
du gouffre et sa pointe, les obligent à de longs détours. Faute de bien
connaître l’endroit, ils préféreront jouer la carte de la sécurité. Que ceux
qui pensaient avoir atteint le bout du monde en allant au Rocher de Louctores
se détrompent, il est plus bas, là où d’énormes névés au pied de falaises
grises dominent une vallée où serpentent des petits canyons creusés dans une
roche fauve, le tout au milieu d’une pente herbeuse d’un vert éclatant.
Un coin de
montagne sauvage, magnifique mais pas à la hauteur des attentes de Bando. Certes,
c’est du calcaire mais lisse comme une peau de bébé, abrupte et sans la moindre
anfractuosité. Et pas question de se planter ici... Ce n’est donc pas sur cette
zone que nous trouverons un regard sur le réseau de Louctores. S’il existe une
autre entrée, c’est plus bas dans la forêt qu’elle se cache. Finalement, il
sera plus commode de la chercher de l’intérieur.
Retour au
camp en perdant encore de l’altitude pour passer au pied des rochers et enfin
pouvoir remonter par l’interminable pente herbeuse. Chaud et soif... encore une
journée ardue pour Christophe qui doit remettre les pieds sous terre demain.
Mercredi 29/07
Nos
problèmes de logistique nous inquiètent beaucoup. Demain sera peut-être la
dernière occasion de faire redescendre le matériel du dépôt via les
« remontées » mécaniques. En prévision de ça, Arnaud rapatrie déjà une partie du matériel côté
« Gourette ».
C’est aussi,
suivant le planning établi, déjà la dernière occasion d’aller sous terre. Christophe raconte :
"Aujourd’hui,
dernier jour de spéléo. Il va falloir y aller à fond ! Jack et moi décidons de nous lever tôt
(8hr00 quand même...on est en vacances)
Et puis,
nous n’avons jamais dis que l’on partirait tôt pour autant !
Zombie... |
Nous
pénétrons dans le trou à 11h30. Nous n’en sortirons que le lendemain à 3h00 du
matin et pour ne retrouver nos plumes qu’à 4h30. TPST : 15h30 ! Personne
ne nous aura attendu cette fois pour nous préparer un petit repas rien que pour
nous. Evidemment compréhensible.
Nous y avons
été au finish ! Arrêt sur fin de batterie de la foreuse, fin d’amarrage et
bout de corde à mi-puits vers la cote -400. 86 moustifs ont été utilisés dans
ce trou jusqu’à cette profondeur. En théorie, il ne reste que 80m à descendre
pour toucher le terminus de 1973 et pouvoir évaluer si nous serons capables de
trouver une suite en mettant en œuvre nos techniques actuelles.
Le plus
gros du travail est maintenant fait.
Superbe
trou, facile d’accès. Bien vite l’an prochain qu’on y retourne.
Le trou de ces messieurs est servi !!!
Notons que,
durant la journée, Catherine et Anne-So nous ont fait un petit exercice
secours. Dans la
matinée, elles ont perçu un sifflement venant du col qu’elles ont interprétés
comme un appel à l’aide. N’écoutant que leur courage, elles se lancèrent à
l’assaut de la pente herbeuse pour nous venir en aide à Jack et moi.
Evidemment, nous n’avions rien sollicité du tout, nous vaquions
« paisiblement » à nos activités et elles ne trouvèrent personne à
secourir. Réflexion faite, nous ne pensons pas qu’en cas de problème nous nous
serions séparés pour appeler à l’aide. Il va falloir que nous nous penchions
sur la question sérieusement pour notre prochaine expé."
Jeudi 30/07
Les gars de
la station nous avait été donné rendez-vous à 13hr00 pour nous descendre notre
matériel via les télésièges.
Luc, Arnaud, Catherine, Anne-So et Chrisotphe
prennent le départ pour la station et récupèrent en route le matériel spéléo
laissé la veille (disons plutôt le matin même) au col de Ger en sortant du trou.
Vu sa blessure, Luc abandonne sa
charge sur le col du Plaa et les autres terminent leur randonnée vers la station. Arrivés
à l’avance, grosse inquiétude en ne voyant pas les ouvriers travailler comme
prévu au télésiège. Pire, force est de constater que tous les tableaux
électriques de l’arrivée ne sont plus alimentés… Catastrophe !!! Ca signifie qu’il va falloir suer sang et eau
pour redescendre tout le matériel vers la station intermédiaire où Serge pourra
venir nous chercher en pick-up. Soudain, imperceptiblement, le bruit de moteur
d’un 4x4 se fait entendre. Tout d’un coup, un pick-up sort du brouillard. C’est
un véhicule de la
station. Les gars qui en descendent expliquent que c’est leur
dernier jour (ils ont bossés dur pour ça), qu’ils ont coupé l’électricité et
pour cette raison ne pourront pas descendre de matos par le téléphérique.
Qu’importe ces mauvaises nouvelles, si
ils sont passés (ils ont du faire
quelques aménagements), Serge peut lui
aussi venir jusqu’ici et embarquer notre matos !
Coup de téléphone dans la
foulée (ici, le GSM passe) pour lui expliquer la situation et lui donner rendez-vous le
lendemain à 13h30. Ouf !
Vendredi 30/07
Départ un jour plus tôt pour Luc, Catherine, Marc et Arnaud.
L’arrangement avec Serge prévoit
qu’il descende avec le matériel et les trois mecs pour permettre à Luc de remonter son VTT au Plaa où Catherine l’attendra. Luc espère ainsi profiter d’une fantastique
descente le lendemain (il la fera en moins de 20 minutes).
Jack fait le chemin avec
eux pour un ultime portage et revient au Capéran en musardant du coté d’Amoulat.
Repos et début d’inventaire pour Françoise,
Anne-So et Christophe.
Sameidi 01/08
Après un réveil matinal, le démontage de l’abri et le rangement dans nos différentes caches, voici le moment de dire au revoir au Capéran pour Jack, Françoise, Anne-So et Christophe. Le retour se fait par la pente herbeuse, le bois et le plateau de Bouy, ce qui s’avère être une longue marche fatigante mais superbe qui permet d’observer le massif d’une autre manière et donner de nouvelles perspectives de prospection notamment pour les bas flancs de Louctores.
Rassemblement début
d’après-midi au pied de la station de ski. Et d’apprendre que la veille, le
trajet en 4x4 fut périlleux dans les deux sens pour Serge et que nous avons
beaucoup de chance que le matériel soit descendu… On ne le remerciera jamais
suffisamment pour tout l’aide qu’il nous apporte. Cette nouvelle expérience est
pour le moins contrariante. Le transport de notre matériel devient de plus en
plus aléatoire. Il est temps de penser à trouver une variante, ce serait bête
d’abandonner ce si beau massif.
Une douche chez les
pompiers, une réorganisation de la charge dans les voitures et nous allons
prendre un verre au Valentin., ce petit restaurant à Eaux-Bonnes où nous
essayons chaque année de terminer nos expéditions. Cette fois, il est trop tôt
pour souper mais nous avons le plaisir d’y boire une bonne soupe, servie par la patronne toujours aussi alerte
malgré son grand âge. Puis viendra trop vite l’heure de prendre la route versla Belgique pour la plupart. Seuls Luc et Jack restent et passent sous un
orage carabiné côté Pierre Saint-Martin où ils retrouveront le SC
Avalon pour participer pendant une semaine aux explorations sur le méga réseau d’Aniallara. Voir le récit et le diaporama sur Les Horizons cachés
- Une remarque: ça me donne vraiment envie de monter un jour sur ce magnifique massif des Pyrenees que je ne connais pas encore.
RépondreSupprimer- Un encouragement: continue à écrire des récits comme ça - c'est tellement bien écrit (et dedju Jack: quand est-ce que tu vas enfin écrire tes mémoires!!)
- Une suggestion: répare le lien vers le diaporama sur Anialarra car il ne fonctionne pas