Sans trop réaliser que le 11 novembre 2007 ne permettait pas un week-end prolongé, nous avions mis au programme une descente dans le Doubs. Et à voir le temps de chien que nous subissions le vendredi soir du départ en Belgique, nous en étions à regretter de ne pas avoir profiter de la fin de l'été indien de la Toussaint pour faire la visite tant convoitée du Gouffre des Essarlottes.
Mais ayant trinqué toute la semaine pour nous libérer et être prêts pour passer deux jours en Franche-Comté, nous décidons de laisser derrière nous neige fondante et bourrasques (résidu d'une grosse tempête en mer du Nord) pour finalement atteindre sous un ciel étoilé Nans s/ Ste-Anne où tout porte à croire qu'il a fait sec. Tant le Verneau que le Lison sont encore à l'étiage.
Du coup, nous voici rassurés, nous n'aurons pas à faire nôtre le dicton bien connu "dans le Doubs, abstiens-toi" ! Nous passons ce qu'il nous reste de la nuit au Gîte du Lison avec la ferme intention de faire la grasse matinée.
Samedi 10/11, l'heure du brunch a sonné et c'est assez surpris que les volets ouverts nous découvrons un paysage blanc. En quelques heures, une fine couche de neige fondante s'est installée sur la région et contraste avec les dernières couleurs automnales de la forêt. Pas de quoi cependant nous inquiéter et nous faire renoncer. C'est même plutôt avec un plaisir d'enfant qui retrouve les premiers flocons que nous faisons la trace sur la route menant à Gevresin et la piste forestière montant sur les hauteurs du village.
Suivant les quelques indications dont nous disposons, nous laissons la camionnette sur un parking de chasse pour aller repérer les deux entrées du réseau de la cavité, toute deux en principe équipées en fixe, hormis le puits d'entrée.
Notre idée est de pénétrer par la Voie aux Vaches (photo ci dessus, cliquez pour agrandir), nouvel accès (intermédiaire) au réseau et ressortir après la visite de l'aval de la rivière par le gouffre des Essarlottes. Ce dernier est rapidement repéré au bout d'un petit thalweg quasi à sec. Une corde est installée dans le premier P10 et nous nous assurons que le second est bien équipé en fixe comme annoncé. Nous n'avons ensuite guère de difficulté à trouver la grande doline de la Voie des Vaches où nous précèdent depuis quelques heures probablement une équipe de français.
Le courant d'air qui parcourt le trou n'est pas pour nous réchauffer. Chaudes ont dû cependant être les désobs d'enfer qui ont ont conduits le G.S. Doubs à "moins quatre-vingt-dix" et jonctionner avec le collecteur. Chaud est aussi l'équipement, non pas qu'il soit casse pipe mais par la présence de 3 (trois !) grosses tonches sur des cordes en fixe trop fatiguées. Nous ne comprenons pas que les gars descendus avant nous aient pu passer dessus sans s'en rendre compte, tout en sachant qu'ils remonteront dessus !
Il y a heureusement sur chaque tronçon abimé assez de mou pour isoler par un noeud de ...vaches... les torons apparents et la gaine entaillée.
C'est par un boyau digne d'un front de taille qu'on prend facilement pied dans une galerie de grandes dimensions au niveau de la salle Victor.
Vers l'aval, la rivière, toute aussi étonnante par son ampleur, est assez vite délaissée pour parcourir la "Marche du Biniou" et la "Galerie des Perles". Un régal ! Même si rien n'est vraiment éclatant, ça vaut vraiment le déplacement surtout sur l'on s'attarde aux détails (cristaux, amorces de perles, sapins d'argile, etc). S'il n'y avait eu tant de buée, on se serait un peu attardés à faire quelques photos un peu recherchées. Mais l'humidité est telle que c'est peine perdue.
Laissant le niveau de base pour le retour, nous poursuivons par les plafonds (E10, corde en place) et la suite fossile également très décorée. La rivière retrouvée au bas d'un ressaut, c'est une longue cavalcade à travers blocs et cascatelles jusqu'à la voute mouillante que nous franchissons, épargnant de justesse de mouiller notre cuissard !
Derrière, bien que le conduit reste des plus engageant, les traces de mise en charge ne laissent aucun espoir : on bute assez rapidement sur le siphon terminal.
Dans un coude en rive gauche, une ficelle pendouille. Et si on allait voir ? Qui sait, le réseau est toujours en explo... Est-ce un trop plein de crue, un affluent amont, en tout cas il est vachement englué mais praticable. Nous le remontons ainsi d'une dizaine de mètres jusqu'à ne plus voir vraiment de trace de passage... Etrange... Difficile dans ces conditions, même très peu engageantes de ne pas aller jeter un oeil critique... Finalement, nous butons au bout de +/- 10 m de ramping gluant sur un bombement infranchissable mais avec vue sur 5 m de boyau forcément vierges. Intéressant ? Pas dit, faudrait voir l'orientation.
Sortis de ce truc complètement crades, c'est le retour. Notre choix (délibéré !) est de passer par l'actif et ses bassins profonds où cette fois ni le cuissard, ni la ceinture ne furent épargnés. Nous arrivons ainsi sur une cascade plus haute que les autres qui jalonnent le parcours. Dans le genre car-wash, on ne fait pas mieux. Qui plus est, pour en sortir, un pas délicat est nécessaire. Le cerveau embué et refroidi, nous franchissons l'obstacle non équipé et tout compte fait trop exposé que pour faire partie du cheminement habituel... Forcément, nous butons rapidement sur un lac profond qui siphonne de toute part, ce que ne semblait pas être le cas sur la topographie (sur le site du congrès FFS)
Notre petite ficelle s'avèrera bien utile pour redescendre assurés la cascade et du coup être trempés jusqu'aux os. Ambiance !
Par un passage latéral qui précéde les baignoires, nous avons alors tôt fait de retrouver la galerie principale.
De retour à la base de la Voie aux Vaches, nous délaissons les cordes disparaissant vers le plafond de la salle Victor ( accès à la galerie supérieure du Balcon) pour filer vers l'amont à la morphologie tout à faire différente. La galerie Jackpot est un large canyon entrecoupé de ressaut que nous pouvons surmonter aisément en varappe sans passer par les équipements hors crues. Ce qui vaudrait dire qu'on peut circuler en haute eaux ? Ca doit être dantesque.
Nous aurions aimé aller voir les autres courts regards sur la rivière principale mais un peu refroidis par nos ablutions, nous nous contentons d'aller jeter un oeil sur son siphon amont avant de nous engager dans la remontée du gouffre des Essarlottes "proprement" dit.
Quatre vingt mètres de puits, ressauts et courts méandres étroits. Progression typiquement à la belge, style chantoire avec d'aileurs en cette fin de journée un bon petit filet d'eau pas toujours facile à éviter et qui n'est autre que la neige qui a fondu petit à petit.
Fondu ? Fondue vous voulez dire ! Au Comté fruité, avec une larme de Kirsh et un p'tit vin blanc du Pays bien-sûr, le tout devant un feu ouvert réconfortant. De quoi reprendre des forces pour aller "ferrater" le lendemain sur les Baumes du Verneau.
Tpst : 6 heures
Participants : Christophe Bando, Jack London et l'Obersturmfürther Pascal Verkenne.
Mais ayant trinqué toute la semaine pour nous libérer et être prêts pour passer deux jours en Franche-Comté, nous décidons de laisser derrière nous neige fondante et bourrasques (résidu d'une grosse tempête en mer du Nord) pour finalement atteindre sous un ciel étoilé Nans s/ Ste-Anne où tout porte à croire qu'il a fait sec. Tant le Verneau que le Lison sont encore à l'étiage.
Du coup, nous voici rassurés, nous n'aurons pas à faire nôtre le dicton bien connu "dans le Doubs, abstiens-toi" ! Nous passons ce qu'il nous reste de la nuit au Gîte du Lison avec la ferme intention de faire la grasse matinée.
Samedi 10/11, l'heure du brunch a sonné et c'est assez surpris que les volets ouverts nous découvrons un paysage blanc. En quelques heures, une fine couche de neige fondante s'est installée sur la région et contraste avec les dernières couleurs automnales de la forêt. Pas de quoi cependant nous inquiéter et nous faire renoncer. C'est même plutôt avec un plaisir d'enfant qui retrouve les premiers flocons que nous faisons la trace sur la route menant à Gevresin et la piste forestière montant sur les hauteurs du village.
Suivant les quelques indications dont nous disposons, nous laissons la camionnette sur un parking de chasse pour aller repérer les deux entrées du réseau de la cavité, toute deux en principe équipées en fixe, hormis le puits d'entrée.
Notre idée est de pénétrer par la Voie aux Vaches (photo ci dessus, cliquez pour agrandir), nouvel accès (intermédiaire) au réseau et ressortir après la visite de l'aval de la rivière par le gouffre des Essarlottes. Ce dernier est rapidement repéré au bout d'un petit thalweg quasi à sec. Une corde est installée dans le premier P10 et nous nous assurons que le second est bien équipé en fixe comme annoncé. Nous n'avons ensuite guère de difficulté à trouver la grande doline de la Voie des Vaches où nous précèdent depuis quelques heures probablement une équipe de français.
Le courant d'air qui parcourt le trou n'est pas pour nous réchauffer. Chaudes ont dû cependant être les désobs d'enfer qui ont ont conduits le G.S. Doubs à "moins quatre-vingt-dix" et jonctionner avec le collecteur. Chaud est aussi l'équipement, non pas qu'il soit casse pipe mais par la présence de 3 (trois !) grosses tonches sur des cordes en fixe trop fatiguées. Nous ne comprenons pas que les gars descendus avant nous aient pu passer dessus sans s'en rendre compte, tout en sachant qu'ils remonteront dessus !
Il y a heureusement sur chaque tronçon abimé assez de mou pour isoler par un noeud de ...vaches... les torons apparents et la gaine entaillée.
C'est par un boyau digne d'un front de taille qu'on prend facilement pied dans une galerie de grandes dimensions au niveau de la salle Victor.
Vers l'aval, la rivière, toute aussi étonnante par son ampleur, est assez vite délaissée pour parcourir la "Marche du Biniou" et la "Galerie des Perles". Un régal ! Même si rien n'est vraiment éclatant, ça vaut vraiment le déplacement surtout sur l'on s'attarde aux détails (cristaux, amorces de perles, sapins d'argile, etc). S'il n'y avait eu tant de buée, on se serait un peu attardés à faire quelques photos un peu recherchées. Mais l'humidité est telle que c'est peine perdue.
Laissant le niveau de base pour le retour, nous poursuivons par les plafonds (E10, corde en place) et la suite fossile également très décorée. La rivière retrouvée au bas d'un ressaut, c'est une longue cavalcade à travers blocs et cascatelles jusqu'à la voute mouillante que nous franchissons, épargnant de justesse de mouiller notre cuissard !
Derrière, bien que le conduit reste des plus engageant, les traces de mise en charge ne laissent aucun espoir : on bute assez rapidement sur le siphon terminal.
Dans un coude en rive gauche, une ficelle pendouille. Et si on allait voir ? Qui sait, le réseau est toujours en explo... Est-ce un trop plein de crue, un affluent amont, en tout cas il est vachement englué mais praticable. Nous le remontons ainsi d'une dizaine de mètres jusqu'à ne plus voir vraiment de trace de passage... Etrange... Difficile dans ces conditions, même très peu engageantes de ne pas aller jeter un oeil critique... Finalement, nous butons au bout de +/- 10 m de ramping gluant sur un bombement infranchissable mais avec vue sur 5 m de boyau forcément vierges. Intéressant ? Pas dit, faudrait voir l'orientation.
Sortis de ce truc complètement crades, c'est le retour. Notre choix (délibéré !) est de passer par l'actif et ses bassins profonds où cette fois ni le cuissard, ni la ceinture ne furent épargnés. Nous arrivons ainsi sur une cascade plus haute que les autres qui jalonnent le parcours. Dans le genre car-wash, on ne fait pas mieux. Qui plus est, pour en sortir, un pas délicat est nécessaire. Le cerveau embué et refroidi, nous franchissons l'obstacle non équipé et tout compte fait trop exposé que pour faire partie du cheminement habituel... Forcément, nous butons rapidement sur un lac profond qui siphonne de toute part, ce que ne semblait pas être le cas sur la topographie (sur le site du congrès FFS)
Notre petite ficelle s'avèrera bien utile pour redescendre assurés la cascade et du coup être trempés jusqu'aux os. Ambiance !
Par un passage latéral qui précéde les baignoires, nous avons alors tôt fait de retrouver la galerie principale.
De retour à la base de la Voie aux Vaches, nous délaissons les cordes disparaissant vers le plafond de la salle Victor ( accès à la galerie supérieure du Balcon) pour filer vers l'amont à la morphologie tout à faire différente. La galerie Jackpot est un large canyon entrecoupé de ressaut que nous pouvons surmonter aisément en varappe sans passer par les équipements hors crues. Ce qui vaudrait dire qu'on peut circuler en haute eaux ? Ca doit être dantesque.
Nous aurions aimé aller voir les autres courts regards sur la rivière principale mais un peu refroidis par nos ablutions, nous nous contentons d'aller jeter un oeil sur son siphon amont avant de nous engager dans la remontée du gouffre des Essarlottes "proprement" dit.
Quatre vingt mètres de puits, ressauts et courts méandres étroits. Progression typiquement à la belge, style chantoire avec d'aileurs en cette fin de journée un bon petit filet d'eau pas toujours facile à éviter et qui n'est autre que la neige qui a fondu petit à petit.
Fondu ? Fondue vous voulez dire ! Au Comté fruité, avec une larme de Kirsh et un p'tit vin blanc du Pays bien-sûr, le tout devant un feu ouvert réconfortant. De quoi reprendre des forces pour aller "ferrater" le lendemain sur les Baumes du Verneau.
Tpst : 6 heures
Participants : Christophe Bando, Jack London et l'Obersturmfürther Pascal Verkenne.
Super, bon CR, bonne expé.
RépondreSupprimerPar contre (rien à voir avec la spéléo) y a pas d'été indien en Europe :-)
Bàt et continuez à nous faire voyager via le blog.
Frank ESS