jeudi 8 novembre 2012

Le Vercors résiste encore




Haut lieu de la résistance durant la dernière guerre mondiale, le Vercors a toujours de quoi se défendre comme nous avons pu nous en rendre compte cet automne lors de notre camp de la Toussaint 2012, avec quelques jours avant notre départ, une tempête de neige qui a vu le massif se couvrir d'un manteau blanc de plus d'un mètre d'épaisseur sur les plateaux. Du jamais vu d'après les anciens à cette période... Et du coup un accès et des déplacements sur place rendus d'autant plus difficiles que l'axe Villars de Lans-Choranche était bloqué aux Jarrands pour réfection des gorges.
Pas de quoi arrêter les valeureux gaulois que nous sommes... mais quand même, sacrée forteresse que cette région à cheval sur la Drome et l'Isère !


Ce sont Stef, Jona et Yves qui débarquèrent en premier avec la pluie à Choranche, le 30/11/2012; Marc et Mathieu (un revenant !) ensuite le lendemain en fin de journée et enfin Tof, Jack, Lio, Pascal, Fred dans la nuit qui suivait. Notre point de chute : le "Vol de Nuit", super gîte planté en plein cœur du village et coincé entre les torrents issus de Coufin+Chevaline et du Gournier, tout deux mis en charge par le redoux qui s'amorce. 

Grande classique du coin : la grotte touristique de Coufin (choranche)
Du coup, avec le soleil qui réapparait et la température en hausse, notre projet d'effectuer la traversée Christian Gathier (Trou des Anciens-Scialet du Toboggan) s'en trouve compromis. Avec tant d'eau sous terre, on peut l'oublier :-( Et à vrai dire, avec des conditions aussi défavorables, on en vient à se demander si on pourra faire quelque chose d'intéressant durant les trois jours à venir...
Notre première idée est d'aller voir le porche de la Grotte de Bournillon qui devrait au moins nous offrir un spectacle grandiose. Mais l'atteindre n'a rien d'évident. Les arbres ont mal supporté le poids de la neige et c'est un vrai parcours du combattant qu'il faut franchir pour atteindre l'entrée. De l'eau, il en sort par m3. Pour le plaisir, nous remontons jusqu'au portail, infranchissable dans l'état. Mais quel ambiance ! Nous passerons cependant derrière en empruntant la "vire des chèvres" via l'éboulis remontant en rive gauche. Arrêt sur voute basse avant le Village Nègre.


Après cette petite mise en jambe, nous (Pascal, Lio, Jack, Christophe, Jona, Mat) embrayons dans l'après midi par la Grotte Favot, cavité très esthétique et fort fréquentée à la bonne saison car facile. 180 m de dénivellé sur un sentier très raide la sépare de la route. une formalité en temps normal. Mais avec 80 cm de neige dans une pente à 45°, l'approche s'avère ici aussi très délicat. Sans le moindre repère ou marquage, nous ne pouvons que nous fier au GPS pour trouver l'entrée. Mais malgré ça, nous avons failli renoncer au pied de la barre verticale menant sur l'esplanade d'entrée invisible du bas.


Mais bon, notre acharnement est récompensé. La vue sur la vallée est superbe. Et celle sur le tube phréatique plongeant à 30° sur 70m (MC plus que conseillée) ne nous décevra pas. Au delà, les grands volumes débouchent sur deux puits (14 + 35) que Christophe et Pascal descendrons pendant que le reste de la troupe fouinera dans un petit réseau latéral de bonne facture, avant d'aller se réchauffer à la lueur d'un petit feu allumé dans le porche. Descente ensuite "olé-olé" dans la pente pour retrouver les bagnoles et rentrer dans la soirée au gîte où Yves, Marc et Fred nous avaient préparer une tartiflette digne de ce nom.


Vendredi 2/11 : lever matinal mais nous ne sommes pas tous le monde n'est pas sur la même longueur d'onde. Ca cafouille un peu. Il faut faire le plein de caburant, trouver des compléments de nourriture mais aussi un objectif spéléo qui "tienne la route".
C'est justement la route qui nous pose problème puisque celle menant à la grotte Roche est barrée au niveau du Pont de la Goule Noire, avec interdiction aux piétons (y compris les spéléos !) de circuler au delà... Faire 800 bornes pour s'arrêter à 800 m du but ? Non, faut pas charrier ! Malgré l'imposant grillage défendant l'accès au tunnel, nous décidons de braver l'avertissement.

"Itinéraire RECOMMANDE", on n'a rien inventé !
Nous ne le regretterons pas, la cavité et en particulier ses nouveaux développements valent vraiment le déplacement. Pour savoir tout sur cet ancien drain, nous ne saurons trop vous conseiller d'acheter le livret didactique que lui a dédié le CDS38.



TPST : 4 bonnes heures en prenant tout notre temps pour profiter des magnifiques décors tout en encadrant notre benjamin Frédéric.
Retour par le même chemin, accompagné d'un crachin qui fera envoler nos maigres espoirs d'aller parcourir demain la galerie fossile du Gournier où Stef Jona et Marc sont aller se rendre compte sur place que l'échelle de niveau placée à l'entrée affiche 60 cm, bien trop haut pour espérer quoi que ça soit ici avant longtemps.
Au gîte, nous sommes accueillis par un risoto maison concocté par le chef Jona, le tout accompagné d'un cépage qui déliera les langues tard jusque tard dans la nuit.


Samedi : soleil de la veille et pluie de la nuit n'ont fait qu'accroitre le dégel, ce qui se traduit par plus d'eau encore aux exutoires. Nous décidons de nous replier sur l'Antre de Vénus une cavité que nous n''avons jamais visité mais dont ont dit qu'elle vaut le détour. Tu parles d'un détour ! Depuis ce matin, en plus du tronçon des gorges de la Bourne impraticable, impossible d'atteindre la Balme de Rencurel et sa déviation sur Villars. Obligés de redescendre sur Pont-en-Royans et remonter sur St-Martin, revenir sur St Julien et se farcir toute la forêt d'Herbouilly. Plus d'une heure de route pour atteindre Méaudre et son hameau Les Girauds où démarrent notre marche d'approche. Une petite demi heure de marche dans la neige et nous nous retrouvons devant la minuscule entrée (31t 0700186 / 4999397 en UTM WGS84 / Z : 1150m) défendue par une porte (clé via le CDS 38).


Nous avons bien fait d'emmener la pelle à neige pour dégager l'orifice. Il s'ouvre sur un minuscule soupirail ventilé, bien trempé par le dégel et donne au bout d'une dizaine de mètre au plafond d'une étonnante grosse galerie haute d'une quinzaine de mètres (C30 + 6 amarrages minimum). Si l'obstacle n'est pas de taille, il demande avec sa roche friable un peu d'attention. Et aujourd'hui, il est un peu flotté, ce qui déplait à notre petit Fred qu'une longue attente dans le froid en attendant son tour a frigorifié, obligeant Pascal à ressortir avec lui. Dommage pour nos amis qui ne pourront admirer cette incroyable conduit fossile vieux de millions d'années. Près d'un kilomètre à l'horizontale, balisé car ponctué de coulées blanchâtres immaculées, formations de calcite surprenantes et autres dépôts uniques. Un vrai régal et de quoi faire perdre la tête à notre géologue ! Bref, à visiter absolument si vous passer dans le coin.

Sortie à la nuit tombante pour ensuite faire un crochet chez les Mox's aux Eymes où Arthur et Guy nous accueillent avec une bonne Leffe bien de chez nous ;-). Merci et bonjour à Gen et Felix !
Retour sur Choranche en tentant de forcer le passage à la Balme de Rencurel mais pour finalement buter sur l'éboulement impressionnant responsable de l'énorme détour imposé à l'aller et par conséquent au retour aussi. Sauf pour Christophe et Mathieu qui décidèrent de rentrer en direct à pieds ! 
C'est avec un plat de Ravioles (spécialité locale, stratifiée comme il se doit !) préparé gentiment par la gestionnaire des lieux que nous clôturons le séjour.


Finalement, avec trois belles sorties à notre actif, nous nous en serons pas mal sortis au vu des conditions imposées par la météo. Lorsque le dimanche matin nous tournerons le dos au Vercors pour rentrer en Belgique, nous serons plus d'un à nous dire que c'est là que nous aurions dû vivre...

Je ne peux terminer ce CR sans évoquer l'accident quasi inévitable survenu au Luxembourg. Grosses frayeurs et emmerdes pour les passagers mais pas de blessés heureusement ! Juste la voiture de Stef déclassée et rapatriement dans les règles :-((
Comme quoi en spéléologie, on risque bien plus lors des déplacements routiers que sous terre...

Les clichés publiés ici sont de Stéphane et Jack

Et via Les Horizons Cachés :





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Jack