jeudi 3 septembre 2015

ARRALHES 2015



Arralhes : terme patois béarnais qui signifie : amas de blocs qui tombe de la montagnes.

C'est ce nom qui avait été choisi pour baptiser le LG10 déjà exploré en 2006 e 2007 par le GRPS à qui nous avions confié les prospections sur le lapiaz de Ger perché à flanc du Pic de Ger. C'est ce secteur qui alimente très probablement le collecteur du Gouffre du Capéran. Revu en fin de camp 2012 par Greg et Jack, il avait livré une continuation reprise en 2013 avec arrêt vers -100 sur une verticale derrière une fissure ouverte péniblement.

Vu le peu d'effectif spéléo partant cette année, le Gouffre des Arralhes était l'objectif parfait pour occuper le séjour d'une dizaine de jours en cette fin juillet 2015. Partant pour l'aventure : Robert Levêque, impatient de retrouver la République Libre du Capéran, Pascal Schmitt enfin disposé à la découvrir, Pascal Verkenne accompagné pour la première fois par son fils Frédéric. Nostalgique, Michel Doyen sera aussi des nôtres pendant 4 jours avec Marie mais aussi son petit fils et enfin Zoé sa filleule. Enfin, fidèle au poste, Jack.



Putain de gibier !

Départ sur les chapeaux de roue pour l'équipage Robs/Jack. Partis de bonne heure, ils feront une très mauvaise rencontre sur l'autoroute du coté de Reims (Rethel). Sortant d'on ne sait où, un chevreuil s'est jeté sous les roues de l'Opel... A 110 km/h, le choc ne laisse aucune chance à l'animal ni à la carrosserie et encore moins au radiateur du véhicule :-(((. Impossible de poursuivre la route... Le temps de se faire dépanner, l'équipage des Mam'diyens est prévenu par GSM. Ils sont devant et au terme d'un long demi-tour, ils viennent embarquer Jack et tout le matériel, laissant le pauvre Robs à son triste sort, à savoir rapatrier sa voiture en Belgique et surtout faire une croix sur l'expé.

Arrivée forcément plus tard que prévu à Gourette où nous attendant la "famille" Doyen qui avait fait le chemin la veille et dormi au Gite de la Pisteuse où nous passerons d'ailleurs tous la nuit après être passé se rassasier -que dis-je- : nous empiffrer- à la Québotte, accueillis en princes par Jean Michel avec qui nous convenons d'emblée du programme de demain.


Dimanche

La nuit a été courte mais réparatrice. Le temps d'un frugal petit déj', de quelques emplettes et nous embarquons qui dans la benne du pick-up de Jean-Mi, qui dans le Toy de Pascal pour monter d'une traite jusqu'au lac du Plaa Segouné. C’est là, les choses commencent. Avec une personne en moins à l'appel (putain de gibier !), la répartition du matériel est un peu compliquée que d'habitude. Mais Jean-Mi se propose de venir nous faire un portage dès demain matin. Et c'est parti pour 200 m de dénivelé dans les pierriers. Pas trop chargés, les jeunes courent devant. Haletant, Messire Schmitt pour qui c'est l'inconnu s'en sort très honorablement, tandis que Marie mort sur sa chique. Tout ça avec le soleil et une vue magnifique. Quel bol.

Tous arrivés à bon port au camp, commence la fastidieuse tâche mais au combien primordiale, qui consiste à monter l'abri. Une paire d'heures à tricoter par dessus le "cailloux" et le muret deux toiles d'araignée emprisonnant deux couches de bâches. De quoi se mettre au sec ou à l'ombre suivant la météo. La tâche terminée, nous pouvons passer aux tentes, nos chambres particulières. La lunette de WC placée et le tuyau d'eau potable connecté à la source, nous pouvons enfin passer à l'apéro, pris en terrasse off course, et au souper avant de profiter du magnifique coucher de soleil. Ce soir, personne n'attendra de voir les étoiles et la voie lactée.

3 Ados déconnectés
Lundi

Ce sont des cris venant des crêtes de l'Aucupat qui nous sortent de nos plumes. C'est Jean Michel qui de là-haut nous fait des grands gestes. Il a déposé comme convenu foreuse et quincaille au col de Ger et essaye d'attirer notre attention sur le troupeau d'isards qu'il vient de surprendre. Comme bien souvent le matin, la brume envahit le camp et notre ami craignant la pluie s'en retournera à la station sans venir prendre le café au camp, ce qui il faut le dire lui aurait pris 1 heure de son temps pour l'A/R. 

Nous consacrons la journée à un portage du matériel collectif question d'être tranquille pour la semaine. Question de ne pas voyager à vide et profiter de la main d’œuvre, nous faisons le crochet par le LG10 pour y déposer tout ce qui pourra nous servir demain à la poursuite des explorations. Au passage nouveau petit coup d’œil sur le secteur de la Pyramide dont la cuvette est toujours remplie par un imposant névé car par belle ou par laide, nous comptons bien en fin de camp revoir les quelques phénomènes répertoriés ici de très longue date et soi disant terminés. Mais sur quoi ?

Mardi :

Jour J pour les deux taupes de service qui dès 9h du mat se mettent en jambes par la marche d'approche de quelques 330m de dénivelé qui séparent le camp du LG10. Pas de tracas à se faire avec la météo aujourd'hui, c'est mieux ainsi car perdu à 2400 d'altitude, le lapiaz de Ger n'est pas un havre de paix par mauvais temps.


A deux donc (putain de gibier !), Pascal et Jack vont donc prudemment remettre en place les cordes dans les ressauts souvent étroits qui jalonnent la zone d'entrée jusque -60. Une progression sportive, surtout avec leurs deux kits bien lestés puisqu'ils ont des ambitions.

S'en suit le franchissement laborieux du boyau style "fût de canon", rebaptisé étroiture "Zhiante" (comme son découvreur, le "Schmurl" pour le pas le citer ;-). La suite est une enfilade de puits bien équipés et donc confortables jusqu'à ce rétrécissement forcé il y a deux ans, dit étroiture "Tam Tam", un nom évoquant les percussions, le modèle du marteau Petzl mais aussi la goutte d'eau tombant à répétition du sommet du puits dans notre gamelle, la base se prêtant bien pour un point chaud.

Deux années ont passés depuis la précédente explo et faut croire que l'obstacle s'est refermé un peu car elle donne du fil à retordre à nos pointus. Aussi, vu qu'ils comptent bien aller à -1000, ils en font un "boulevard". Les verticales qui s'offrent alors à eux, les puits du Daguet... ne sont jamais bien profondes et chaque fois défendues par un départ qui nécessite systématiquement une intervention "dynamique". Jusqu'à finalement tomber à court de jus et en début de soirée se décider à rebrousser chemin au sommet d'un nouveau cran estimé à 5 m mais pincé à sa tête, avec toujours ce net courant d'air aspirant.

Zhiante l'étroiture !
Et un , et deux, étroit !
Le retour vers la surface s'effectue en une paire d'heures, avec une grosse sueur dans l'étroiture Zhiante particulièrement difficile au retour. Sortie vers 21h (TPST : 10h), l'idéal pour profiter de la magie des derniers rayons de soleil et au camp apprécier le repas du soir préparé avec amours par le restant de la troupe, cuits eux aussi mais par le soleil qui ne les a pas lâché durant leur rando. 
Mercredi : journée cataloguée "de repos pour les spéléos. Sauf que Jack accompagnera Michel, Marie, Maxime et Zoé sur le chemin du retour jusqu' aux lacs du Plaa Segouné où Jean-Mi sera au rdv pour les rapatrier à Gourette qu'ils quitteront le lendemain pour poursuivre les vacances dans les Cévennes.


Petit portage au retour pour Jack en repassant par les crêtes de l'Aucupat, question de se faire plaisir. Pascal quant à lui fait le tour du lapiaz du Capéran avec Fred et Pascal2. Ils pourront ainsi se rendre compte que le BBS1 est grand ouvert. L'énorme masse de neige qui l'avait arrêté en 2013 avec Christophe a bien fondu. Et puis toujours ces énormes fissures à revoir dans la "combe cachée". Que n'habitons-nous pas dans la vallée !

Jeudi : à quatre au camp, l'abri nous semble bien vide et l'ambiance n'est plus pareille. la météo a aussi tourné avec depuis cette nuit beaucoup de vent et la pluie. C'est sous l'abri que Pascal S et Frédéric vont passer la journée, profitant de quelques accalmies pour aller se dégourdir les jambes.
Jack et Pascal V déterminés et décidés à continuer dans le LG10 se remettent en route cette fois dans des conditions exécrables. Une bâche est emportée et placée sur l'abri de fortune du col de Ger de manière à pouvoir s'y réfugier en sortie de trou. Trompés par un semblant d’accalmie, ils décident toutefois de se monter se préparer à l'entrée du trou, situé à 20 minutes de là quand même. Mauvais plan car la pluie et les bourrasques  reprennent de plus belle. Sur place, ils découvrent d'ailleurs qu'une cuvette aurait pu être recouverte en deux temps mouvements de la bâche... Encore mieux, une fois en tenue et en attenant Pascal sous la désescalade de l'entrée, Jack découvre un petit porche dans l'ébauche d'un méandre amont, juste de quoi faire servir à deux personnes de vestiaire au sec. Aménagé et adopté dans la foulée ! Plus d'inquiétude à se faire pour la sortie, ils pourront s'y réfugier et s'y changer.

Optimistes et sachant que ce sera la deuxième mais dernière descente possible cette année, ils emportent de quoi pouvoir poursuivre le cas échéant la première. Sans toutefois exagérer, juste une soixantaine de mètres de cordes, des amarrages supplémentaires et puis le DistoX. Priorité d'abord à la topo des Puits du Daguet jusqu'à la pointe, de quoi s'occuper une bonne heure et se les geler. Reprise ensuite de la désobstruction et ainsi pouvoir se faufiler en bas du ressaut entrevu la veille. Mais voilà ti pas que ça queute ! Pas vraiment, il y a bien une lucarne à quelques mètres du sol qui pourrait permettre de shunter le fond défendu par une fissure impénétrable à perte de vue. Ya plus ka remettre la gomme et élargir l'obstacle. Au delà, un nouveau petit puits de 5 à 6m se présente. Vu d'en haut, il n'y a pas de suite. Et vu du bas, c'est pareil :-( Comme de l'autre coté, une longue fissure (9 m au distoX) qui ne semble pas prête de s'élargir. Putain de fond, putain de gibier ! Estimation de la profondeur : -150m mais on sachant qu'on a toujours tendance à surestimer les distances, et vu le parcours en dent de scie, c'est probablement en deçà.  (*)

Dépités, Jack et Pascal doivent bien se rendre à l'évidence :fini la première... Reconditionner le matériel, lever le bout de topo supplémentaire et comme il est déjà bientôt l'heure du souper, se faire un plat de  nouilles. Commence alors le déséquipement. Pascal se coltine immédiatement un kit lourd comme un chevreuil ! Jack a vite fait d'en remplir un autre avec les cordes qui sera laissé vers -120 pour pouvoir remonter avec la foreuse et autres babioles tout en récupérant au fur et à mesure les amarrages. Que n'étaient-ils à trois pour cette explorations, le scénario aurait été tout autre...
En s'attendant a chaque difficultés pour se passer les sacs, la sortie se passe relativement bien. D'autant mieux qu'au bas du puits d'entrée, quelques étoiles sont visibles à travers une couverture nuageuse. Il doit être passé 22h00. Y'a plus ka se changer et rejoindre le bercail.

Miam Monster Miam
Vendredi : les fortes précipitations qu'ont connu Pascal2 t Fred hier toutes la journées ont repris de plus belle en fin de nuit, accompagnées de coup de tonnerre et d'éclairs. C'est le déluge, la paroi du Ger est balafrée de cascades. La pluie qui tambourine sur la bâche nous assourdi et il faut régulièrement vider les poches d'eau qui se forme au dessus de nos têtes. Le débit de la source à centuplé et envahit toute la prairie du camp avant de s'insinuer dans toutes les fissures aux alentours. Il ne faudrait pas être dans le Gouffre du Capéran aujourd'hui !
Bref une journée de repos pas vraiment de tout repos...

Amateurs de canyoning, c'est le moment pour enchainer 400 m de cascades

Samedi : enfin, le mauvais temps s'éloigne. La journée va pouvoir être consacrée comme prévu à ressortir le matériel laissé dans le porche du LG10 et l'acheminer jusqu'à la cuvette de la Pyramide où toutes les failles sont autant de pièges à neige et caillasses, c-à-d sans aucun espoir de passage. Par contre, en bordure de cette dépression, les quelques phénomènes répertoriés ont à nos yeux bien plus d'intérêt. Situés en hauteur dans la pente bien karstifiée, pourquoi un d'entre eux ne donnerait-il pas accès au delà des bouchons connus. Nos prédécesseurs n'ont pas eu cette chance à l'époque mais avec le temps, la donne peut changer. C'est dans cette optique que Jack revoit un à un les 4 ouvertures évidentes du secteur. Le PY10 est vite torché, simple faille étroite profonde de quelques mètres à peine, sans courant d'air, complètement colmaté. La grande faille ouverte du PY 11 est descendue en varappe sur une dizaine de mètres mais le fond n'offre rien de tangible. Affaire classée. 

PY10 ; -5 à tout casser, on peut le marquer d'une croix
Le PY12, trou d'homme offre par contre une verticale qui va en s'élargissant mais fini pas buter vers -15 sur un rétrécissement infranchissable et sans espoir de suite, ni courant d'air.

Nous avons sciemment destine le marquage PY13 au dernier trou pour que ça nous porte bonheur. Il faut dire que on entrée est des plus engageante et esthétique. Bien que relativement modeste (2x3m), une ouverture comme ça, ça ne peut qu'aller profond ! Bien qu'il nous ait toujours fait de l’œil (il en a d'ailleurs un peu la forme), un ancien spit en place nous avait fat dire qu'il avait été vu et catalogué. C'est enfin l'occasion de quoi il en est réellement.

Dés l'entrée, au départ d'une petite terrasse à à -2, un puits de 6 m donne sur un long nevé. Le genre d'amas qui à ces altitudes bouchent bien souvent les cavités. Mais aujourd'hui, Jack peut sans problème poursuivre vers le bas en se glissant entre neige. Pour ce faire, un fractio est placé (pas d'autre trace d'ancien amarrage). Une demi douzaine de mètres plus bas, un soupirail laisse entrevoir une possibilité de suite. Mais c'est surtout une petite lucarne latérale à hauteur d'homme qui attire son l'attention  Elle souffle et laisse entrevoir l'arrivée d'une cheminée mais surtout un cran de descente. Rejoint par Pascal, l'orifice est étiolé au marteau à spit, juste de quoi permettre au filtrant de service à passer derrière.et se retrouver au sommet d'un long ressaut (minimum 10 et puis ??) en escaliers qu'il juge imprudent de descendre en libre, bien que dans un calcaire bien compact, du style gouttière qui doit de temps à autre être active. A court de corde, la suite sera pour une autre fois... 

PY13
PY13

L'idée déjà évoquée de rester un jour de plus revient évidemment sur le tapis. Avec tout ce qui faut sur place et une météo au beau fixe, nous pourrions être fixés dès demain sur l'intérêt du PY 13. Mais rogner un jour sur la suite des vacances prévue quelques jours coté PSM ne fait pas l'unanimité. On replie donc bagages en terminant la journée par un portage à la jeep.

Dimanche : grand beau comme annoncé, l'idéal même si un peu trop chaud pour trier, ranger, inventorier, empaqueter, bref démonter le camp et reprendre e chemin de la vallée. En milieu d'après midi, la messe est dite. Trop tôt pour manger de l'isards à la Québotte mais qu'importe, Jean Michel nous en remet deux grands pots confits à sa sauce, de quoi organiser un souper en son honneur au local du club ! 

Apéro et potins en compagnie de Serge et c'est les adieux pour prendre la route vers Aramits et son camping municipal. Mais ça c'est une autre histoire et un autre compte rendu à venir.

En guise de carte postale




1 commentaire:

  1. Je viens de lire ce compte rendu, qui m'a rappelé de très bons souvenirs :-)

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Salut,
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Jack