Grand murin voyageur

Au cours de nos courtes incursions cet hiver dans les nombreuses petites cavités d'Aywaille, il nous est arrivé de voir quelques chauves-souris en hibernation. L'une d'elles, un grand murin croisé dans Tarabella II, avait particulièrement retenu notre attention car elle était baguée. Intrigué, j'avais rapporté cette observation à Plecotus pour en savoir plus. Et d'apprendre ainsi via Jean-Louis G. que le baguage n'est plus pratiqué en Belgique depuis le début des années 80. Les baguages récents et proches de la Belgique concernent le murin à oreilles échancrées (Nord de la France), le murin des marais (Pays-Bas) et le grand murin (Ouest de l'Allemagne). Notre spécimen pourrait alors être la troisième observation depuis 3 ans en Wallonie. Ni une, ni deux, notre ami improvisa rapidement une virée sur base de la localisation faites, en espérant retomber dessus car lors du recensement fait début février, elle n'y était pas.

Les infos ne tardèrent pas à suivre. Sur base du n° de la bague, et renseignement pris, cette femelle adulte avait été baguée le 4/9/2015 par un allemand à Hellenhal-Hollerath (Platissquelle). Le site de capture se trouve à 12km au SE de Kalterherberg et 6.5km au NE de Rocherath, à +/- un km de la frontière avec la Belgique. C'est dire que la chauve souris a parcouru la distance d'au moins 53 km (en ligne droite...) pour atteindre Tarabella. Courageuse ! Et pour elle, pas de frontière ou de raison essentielle pour pouvoir voyager...

 

Tant qu'à parler de CS et de Tarabella, rappelons que la grotte avait fait l'objet en 1998 d'une fermeture visant justement à protéger les chiroptères qui à cette époque étaient clairement menacés. Il y a donc une vingtaine d'années, comme me l'a expliqué un des acteurs de l'époque, Plecotus n'était pas encore structuré, Natagora n'existait pas et les défenseurs de chauves-souris en Wallonie s'étaient réunis sous la bannière d'AVES, formant un groupe de travail indépendant, bien décidé d'agir pour inverser la vapeur, alors que personne ne se souciait du sort des CS, de leur protection. Aucune information concernant les effectifs ne circulait, pas de grille d'identification, ni de canal d'échange. En fait, cette fermeture aura été un des actes fondateurs du groupe Plecotus, un acte de résistance surtout contre une disparition considérée comme quasi inéluctable, m'a t-il expliqué.

Alors qu'une convention (de 5 ans, reconduite tacitement) avait été signée avec la famille propriétaire des lieux, et grâce à une aide du Fond Henry Ford pour la protection de la Nature deux grilles ont ainsi été érigées. Le but était d'éviter les nombreuses intrusions des tours operator qui sévissaient à ce temps là dans la région. Une époque révolue heureusement.

Voyez l' article de journal Le soir du 13/05/1998

CR JCL, et sur base d'échanges mails avec Plecotus