Donc, avec un plongeur motivé et des conditions correctes au niveau "aération" du réseau (**) , il ne restait plus qu'à orchestrer la sortie : trouver une date, prévenir le proprio et surtout rassembler des porteurs.
La date : samedi 21/11/09; côté Mr Balthasart : ok; pour les porteurs, là, pas aussi évident car personne n'est dupe, si les siphons sont toujours inviolés 15 ans après la découverte, ce n'est pas pour rien. Nous sommes finalement 6 à nous retrouver sous le pont de l'autoroute pour poigner dans les kit-bags. Il y a Muriel Mathy, Frank Bartos (ESS), Pascal Verkenne, Gregory Ziant, Bandorowicz Christophe, Nicolas Hecq et puis le seul gars de la bande aujourd'hui à connaitre l'O2 Las, un certain Jack London...
A travers les étroitures et diaclases d'entrée, à travers la t'Rémy, les Forçats nés, les grandes salles, les grandes galeries du collecteur fossile, la Carte Postale, la trémie noire, etc, la progression va bon train, jusqu'à atteindre ce passage bas annonçant la zone de l'O2 Las. Notre plan de route veut que Nico se mette en néo ici. Il comprendra bientôt le bien fondé de ce choix... En fait, même si nous sommes encore loin de l'objectif, un obstacle bien peu ragoûtant est à franchir. Une photo vaut mieux qu'un long discours.
Si Nico sait qu'il aura des sous vêtements secs (et propres) au retour, les porteurs eux n'ont pas cette chance. A vrai dire, "on" n'avait pas prit la peine de leur faire un dessin de ce qui les attendait à partir du laminoir des 'kits à roulettes". Avant de s'y engager, Bando sort un gadget sensé nous alerter en cas de carence en O2. A peine sorti du bidon, celui-ci s'est mis à bipper... Et impossible de l'arrêter. On s'en remet au test du briquet qui lui fonctionne normalement (lorsque le taux est critique, la flamme "flotte" un à 2 cm au dessus du briquet).
A la queue leu leu, le "moins mince" derrière (qui devra gratter le sol pour s'engager...), le cloaque long d'une douzaine de mètres est passé. Les gros mots volent aussi bas que la voute et la "loco" en prend pour son matricule !
-"Bande d"ngras", sachez qu'il y en a qui paye cher pour ce genre de thérapie !"
Bon, ok , la puanteur en moins... Seule solution pour garder le moral et oublier qu'il faudra repasser ce boyau putride au retour : en rire :-). Du coup, essoufflés, nous avons l'impression d'avoir quelques difficultés à respirer. Psychologique ? Peu importe, nous avons avec nous en cas de réelle nécessité une bouteille d'oxygène.
Personne n'a plus envie de traîner. La suite du réseau est plus confortable (sédiments omniprésents sous formes de dunes où apparaissent parfois quelques blocs). Nous nous retrouvons rapidement devant le second obstacle, à savoir le pertuis vertical au bas d'un entonnoir de terre. En baïlonnette, il donne sur un ressaut glissant au bas duquel on prend pied dans le ruisselet.
Hormis le maigre filet issu de l'affluent Alpin, il est aujourd'hui encore inactif. C'est presque dommage, un peu de courant eut été apprécié pour emporter la touille. Petit coup d'œil pour Nico au siphon amont qu'il juge intéressant et puis direction le siphon aval avec tout le matériel qui nous déployons à même la vasque siphonnante, plus engageante que l'autre.
Un coup de Scurion dans cette eau limpide éclaire ce qui attend Nico. Concentré, il se prépare. Est-ce bien raisonnable d'avoir attiré un copain jusqu'ici pour qu'il tente audacieusement de repousser plus loin l'inconnu ? Le moment n'est plus à philosopher mais plutôt se dire se dire que ça va passer !
Laissons raconter la suite à l'homme de pointe :
Je m’équipe tranquillement sous les coups de flash de Jack et dans le brouhaha de deux « Perruches Mam’dyennes » qui ont fait la route avec nous :-p
J’allume mes lampes, un petit signe et je pars les palmes en premier.
Le début du laminoir est confortable mais le plafond, couvert de cupules, s’abaisse très vite aux alentours des 40cm de haut. La largeur du conduit est de l’ordre de deux mètres.
La visi s’est complètement annulée, inutile d’espérer contrôler le profondimètre et les manos.
Les palmes me gênent terriblement et me ralentissent. J’ai la sensation de descendre beaucoup et l’impression de durée m’incite à remonter pour contrôler le niveau de mes bouteilles.
Surface après 5 minutes de plongée à -3 mètres. Je ricane…
J’ôte mes palmes et repars. Le fond du siphon est vite atteint, il fait noir et les détendeurs sont durs...à la détente. Le plafond s’abaisse encore.
Près de 5 minutes passent dans cette boue liquide pour trouver le passage clef. Une fois cette étroiture franchie, je sens que ça remonte, les parois semblent plus verticales, je ne suis plus dans un laminoir. Fébrile et plein d’espoir, je m’attends à franchir le miroir. Malheureusement les parois et le plafond se rapprochent, ça queute… Demi tour.
En repassant l’étroiture au point bas, j’ai l’impression que je change de direction.
Après le débriefing avec Yves Dubois, il semblerait que ce changement de direction et cette étroiture soit un passage d’interstrate vers une diaclase. Il est donc probable que la suite se trouve dans le prolongement de cette diaclase. (voir le croquis d’explo)
Puisqu’il me reste de l’air, nous décidons de jeter un œil au siphon amont.
Sans démonter les détendeurs, nous transportons délicatement les bouteilles jusque là.
Les porteurs ont froid, je ne trainerai donc pas.
Le fil accorché, je pars de nouveau sans palmes et les pieds en premiers. Je n’y vois donc de nouveau rien, mais le siphon s’avère plus vaste et plus confortable, contrairement aux apparences. La descente s’effectue en pente douce puis, soudain, le sol disparait. Je me laisse couler prudemment, de nouveau une étroiture à franchir et ça redescend encore de 2m. C’est horizontal, le fond, et il y a a assez de place pour me retourner et retrouver l’eau claire. J’aperçois la suite qui remonte en inter strate, j’hésite, mais décide de faire demi-tour, inquiet pour mon autonomie. Ce sera pour la prochaine fois avec des bouteilles bien gonflées.
J’allume mes lampes, un petit signe et je pars les palmes en premier.
Le début du laminoir est confortable mais le plafond, couvert de cupules, s’abaisse très vite aux alentours des 40cm de haut. La largeur du conduit est de l’ordre de deux mètres.
La visi s’est complètement annulée, inutile d’espérer contrôler le profondimètre et les manos.
Les palmes me gênent terriblement et me ralentissent. J’ai la sensation de descendre beaucoup et l’impression de durée m’incite à remonter pour contrôler le niveau de mes bouteilles.
Surface après 5 minutes de plongée à -3 mètres. Je ricane…
J’ôte mes palmes et repars. Le fond du siphon est vite atteint, il fait noir et les détendeurs sont durs...à la détente. Le plafond s’abaisse encore.
Près de 5 minutes passent dans cette boue liquide pour trouver le passage clef. Une fois cette étroiture franchie, je sens que ça remonte, les parois semblent plus verticales, je ne suis plus dans un laminoir. Fébrile et plein d’espoir, je m’attends à franchir le miroir. Malheureusement les parois et le plafond se rapprochent, ça queute… Demi tour.
En repassant l’étroiture au point bas, j’ai l’impression que je change de direction.
21 minutes, 22m de développement et 3,5m de profondeur.
Après le débriefing avec Yves Dubois, il semblerait que ce changement de direction et cette étroiture soit un passage d’interstrate vers une diaclase. Il est donc probable que la suite se trouve dans le prolongement de cette diaclase. (voir le croquis d’explo)
Puisqu’il me reste de l’air, nous décidons de jeter un œil au siphon amont.
Sans démonter les détendeurs, nous transportons délicatement les bouteilles jusque là.
Les porteurs ont froid, je ne trainerai donc pas.
Le fil accorché, je pars de nouveau sans palmes et les pieds en premiers. Je n’y vois donc de nouveau rien, mais le siphon s’avère plus vaste et plus confortable, contrairement aux apparences. La descente s’effectue en pente douce puis, soudain, le sol disparait. Je me laisse couler prudemment, de nouveau une étroiture à franchir et ça redescend encore de 2m. C’est horizontal, le fond, et il y a a assez de place pour me retourner et retrouver l’eau claire. J’aperçois la suite qui remonte en inter strate, j’hésite, mais décide de faire demi-tour, inquiet pour mon autonomie. Ce sera pour la prochaine fois avec des bouteilles bien gonflées.
La fin de la deuxième mi-temps sifflée, le matériel est enkitté prestement car nous avons tous hâte de retrouver le plancher des vaches. Malgré les étriers mis en place, l'onctuosité glaiseuse du ressaut laisse quelques souvenirs au plus raide d'entre nous (on vous laisse deviner qui :-).
Le franchissement des laminoirs nous fait prendre une dizaine de kilos supplémentaires qu'il faudra traîner jusqu'à trouver une vasque pour rendre un peu de ses sédiments à la grotte et surtout alléger radicalement nos kits. Bien chargés quand même, la remontée nous prend finalement, déséquipement compris 3h30. TPST : 9h00
Petit débarbouillage et décrassage en surface avant d'appeler nos proches et finir la soirée au Chalet devant une frite et un verre de houblon en cie de Robs, Yves Dubois ainsi que PDBie et Annette qui dormiront au local pour être sur les lieux de l'exercice programmé demain par la commission Spéléo Secours.
* Nom de baptême faisant allusion à un phénomène assez rare sous terre celui du manque d'oxygène mais aussi à la symbolique qui se cache derrière la notion d'Au delà décrite dans la mythologie grecque en parlant du Rubicon ( nom qu'on donne à la rivière de la grotte de Remouchamps) qui était une rivière que l'on doit traverser avec un passeur à payer pour entrer dans le royaume de la mort.
"O2 las" (oxygène fatigué, danger de mort, collecteur de Remouchamp), une appellation vous l'aurez mieux compris maintenant, aux multiples significations. En tout cas, un jeu de mots cher à notre ami Yves.
"O2 las" (oxygène fatigué, danger de mort, collecteur de Remouchamp), une appellation vous l'aurez mieux compris maintenant, aux multiples significations. En tout cas, un jeu de mots cher à notre ami Yves.
** je n'ai pas dit ventilation... Entre mouvement d'air et courant d'air, il y a une nuance de taille ;-)
et ben, ça donne envie ;-)
RépondreSupprimer(ironie inside)
Et un amateur pour le futur portage, un ! Je savais qu'on pourrait te solliciter Luc. Merci, je te contacte en temps voulu ;)
RépondreSupprimerSalut Luc,
RépondreSupprimerOk, on prévoit ça mais pas dans l'année (en cours) ;-)
On compte sur toi :-p