lundi 12 décembre 2011

Les "Passes Murailles"



Avez-vous remarqué que les spéléos belges programment de plus en plus souvent des sorties en semaine ? Salariés à temps partiel, ouvriers en chômage technique ou tournant en pauses, prépensionnés ou retraités, étudiants, camarades en invalidité, rentier, nous avons nous aussi au sein de C7 tout un panel de membres presque plus disponibles en semaine qu’en week-end.

Du coup, ne fusse que pour quelques heures en après-midi ou en soirée, cela nous a permis de profiter cet automne de conditions très clémentes pour reprendre un chantier qui nous tient à cœur mais qui demandait une assiduité particulière pour avoir une chance d’aboutir.

Ainsi, depuis le mois de septembre 2011, nous en étions ce 6 décembre 2011 à la 17ème séance de désobstruction d'affilée au chantoir de Sécheval à Remouchamps. On vous épargnera le compte rendu de chacune.

L’objectif, pour ceux qui n’auraient pas suivi le fil de nos précédentes activités consacrées à cette cavité, était de permettre un accès à un secteur à la fois très éloigné et très proche de l’entrée. En effet, la topographie minutieusement levée par Yves Dubois le siècle dernier montrait que le terminus se trouvait finalement à une douzaine de mètres en pénétration dans le massif. Mais en réalité, pour l’atteindre, il ne fallait pas moins de 3h de progression pénible à travers un système de rampings rébarbatifs ponctués d’étroitures inqualifiables. D’autant plus dommage que là derrière, certaines observations pouvaient laisser penser qu’il serait possible de shunter, moyennant travaux, un accès à une autre galerie devenue (via une autre boucle) depuis bien longtemps inaccessible et au bout de laquelle un point d’interrogation était resté en suspens.Pas simple à expliquer tout ça ! Il faut dire que le chantoir de Sécheval est un phénomène qui évolue beaucoup au gré des coups d’eau, des crues et décrues. Sur plusieurs décennies, nous avons pu observer combien les sédiments et autres apports du ruisseau aérien pouvaient s’y déplacer, obstruant ou débouchant les conduits au gré de forces incontrôlables.

Galets ou autres objets en tout genre comme ici notre porte-bonheur encombrent les conduits


Bref, il y a quelques années déjà (voir aussi l'historique), l’idée avait germé dans nos esprits de réaliser un accès direct à ce secteur laissé par la force des choses en suspens. Une première étape avait été franchie en ouvrant de la base des ressauts d'entrée un boyau de 6 à 7 m recoupant une première diaclase perpendiculaire. C'est par là que nous avions pu redonner accès au réseau "Dubois" et explorer le siphon.

C'est aussi par là qu'un peu plus tard, Yves me montra ce qu'il avait découvert en solo au dessus du "casse-tête chinois", un enchainement d'étroitures remontantes en oblique et à la vertical. Et là derrière, d'être du coup convaincus tout les deux  qu'une minuscule fissure amont ne pouvait être que le prolongement du boyau d'entrée. L'affaire de 3 m de long tout au plus et idem en dénivellation d'après plan et coupe. Passer par là court-circuiterait toutes les difficultés !

Évidemment, percer un tunnel en plein roche n'est pas une mince affaire. Nous avions alors envisagé les grandes manœuvres. Mais faute de disponibilité, le projet restera trop longtemps en suspens jusqu'à être abandonné lorsqu'un coup d'eau fit sauter notre grille de protection avec la fâcheuse conséquence de reboucher le boyau de m3 de sédiments ! Remise en place pour jouer son rôle de filtre, il fallut attendre que le lent travail de l'eau fasse son œuvre et que nous réalisions tout récemment lors de l'OCPR 2011 que repasser l'obstacle redevenait envisageable.

Début septembre 2011, je réussi à me faufiler tant bien que mal au-delà. Les sédiments rendent pour l'instant la suite irrémédiablement impénétrable mais la fissure convoitée est toujours bien là.
Les semaines et les mois qui suivirent, nous nous sommes alors pris au jeu de mettre le boyau d'accès à gabarit humain, vidant un après l’autre les trois accus de nos deux foreuses/burineuses. Une bonne dizaine de séances (en moyenne 3 heures) à grignoter les parois, à manger de la poussière et ravaler des bacs de gravats. Et pendant tout ce temps, pas une goutte d'eau pour nous contrarier.

Début novembre, la fissure vit les premiers coups de marteau pic l'entailler et lui donner petit à petit une allure de conduit pénétrable, descendant en oblique. Au bout de 5 séances plus ou moins espacées, la conviction d'être dans le bon en voyant apparaître et reconnaitre l"autre côté" nous fit reprendre la désob de plus belle.

En quittant le chantier tout excités avant hier, nous pensions bien pouvoir passer cet après-midi et nous offrir un beau cadeau de St-Nicolas. L'enthousiasme et les perspectives aidant, nous sommes en nombre avec le renfort de Stéphane et Jonathan qui sont venus donné un précieux coup de main, comme l'avait fait précédemment Pascal.


Après 3 bonnes heures d'acharnement au fond de l'entaille, alors que Yves est venu remplacer Bobo,  assisté de Gri-Gri et obsédé à l'idée de passer, je parviens à m'insinuer au delà d'un moignon de roche récalcitrant et par dessus le tapis de grenailles inconfortables que je 'ai plus qu'à faire suivre avec moi dans le petit toboggan surbaissé en priant pour pour déboucher dans la "grande" galerie. Un dernier coup de reins et hop, jonction effectuée ! Yves et Jonathan suivent dans la foulée. Congratulations et rapide coup d’œil sur la suite.

Première constatation : le sol de la diaclase et le soupirail sur lesquelles nous fondons nos espoirs est plus haut qu'auparavant. Poussés là certainement par une méga crue à travers le casse-tête chinois et la lucarne, des m3 de sédiments encombrent les lieux. Ça ne nous facilitera pas les futurs travaux mais nous sommes confiants dans nos super pouvoirs qui font désormais de nous des passe-murailles que plus rien ne peut arrêter:-)

Une mention particulière à notre Druide et à sa potion magique


Autre mention pour Bobo, le "place muraille"


Mention spéciale à la Hilti capable d'enchaîner 
5 trous de 10mm x 40 cm avec une seule batterie 2.6 Ah !
A la Bosch capable de buriner jusqu'à vous défoncer les poignets


Chapeau aussi à Yves pour la précisions de ses levés topographiques,
réalisés seul et dans des conditions difficiles.


Et pour terminer, je me félicite d'avoir mis mon énergie dans ce projet ou j'ai encore appris.
Je me réjouis d'avoir pu compter sur l'implication de Greg et des autres motivés.
Merci encore au Club pour son soutien matériel.
A suivre bien-sûr !



Jack

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