dimanche 14 janvier 2024

Grotte de Ramioul

C'était presqu'il y a un demi siècle - jeune débutant que j'étais- j'avais eu l'occasion de visiter le réseau inférieur de la grotte de Ramioul en cie d'un célèbre et pittoresque spéléos du club les  Chercheurs de Wallonie, le docteur Discry,  J'avoue ne plus avoir beaucoup de souvenir, sinon que la faille d'accès était étroite, qu'il y avait une concrétion assez particulière (La cloche) et puis que l'appareil de mesure du CO2 de notre guide avait affiché des taux nous obligeant à rebrousser chemin.

Squelette schématique du plan. La coupe n'existe pas semble-t-il

En ces temps là, la problématique de l'extension des carrières de Carmeuse faisait rage. Autour de JM Hubart, les spéléos se battaient becs et ongles pour tenter de sauver la grotte au développement kilomètrique et se développant sur plusieurs niveaux, dont une partie qui plus est touristique. Au final, elle sera préservée, isolée dans une bande calcaire, mais  entourée au fil des ans de profondes carrières allant jusqu'à 25 m sous le niveau de la Meuse !

Plus récemment, bien que ça date aussi, le GRSC ouvrira une nouvelle cavité en bordure du site, la Grotte Nicole (épouse de JM). Viendront ensuite ces derniers temps de nouveaux travaux du GRSC (voir leur blog) sur un nouveau phénomène, la grotte des Végétations. Tout ça en concertation avec le Préhistomuseum, avec les Chercheurs de Wallonie et les patrons carriers. Et donc, par la même occasion, l'autorisation ponctuelle de revoir le fameux réseau inférieur de la grotte de Ramioul.

La mission de ce 13/01/2024 consistait à tenter de déterminer avec deux appareils ARVA la distance séparant le fond de la grotte Nicole et le terminus N en aval de l'actif de Ramioul. Coté Nicole, ce sont Patrice et Alain qui s'y sont "collés", alors que Luc faisait des observations géologiques intéressantes.

Coté Ramioul, c'est en cie de Nicolas G., passionné par la cavité, que je suis descendu, redécouvrant un accès maintenant défendu par une porte hermétique (pour éviter la remontée du CO2 fort présent en été vers le réseau touristique). Suivent un ressaut pas bien large, suivi d'une verticale avec toujours l'échelle fixe de l'époque, encore un autre facile pour finir sur un dernier jet difficile à négocier car étroit tout du long.

Dessous, on a un beau volume au pied duquel la rivière disparait. C'est sur une terrasse en contrehaut que nous plaçons notre ARVA en mode émission. C'est là que les relevés topos montre que la grotte Nicole est très proche.  Côté Nicole, si on peut s'y fier, l'ARVA affichait une distance de 7.5m. Nous aurions aimé affiner les relevés en communiquant par talkies walkie mais le notre était défaillant :-(. Toujours est-il que de part et d'autre, nous avons constaté le même argile très compact qui pourrait peut être faire l'objet d'une désob musclée et permettre la jonction espérée. A suivre.



Cela étant, nous sommes remontés ensuite en partie la rivière ma foi très jolie. Et ainsi de revoir la fameuse "cloche" mais aussi cette superbe draperie baptisée l'Eléphant ". Sur le parcours, intrigué par les explications de Nico à propos du réseau Est, je lui propose d'aller voir cette zone infranchissable mais que les anciens avaient pourtant dépassé. D'autant plus intéressant que c'est de là que vient depuis quelques temps la majeure partie de l'actif. On explique ça avec probablement les gros chamboulements occasionnés en surface par l'extraction des carriers. En fouillant un peu, un endroit s'avère être celui qui mène à la suite. Une coulée et un petit éboulement ont obstrué le passage. Une courte désob permet d'ouvrir le ressaut où se trouvent toujours quelques étançons de bois pourris. Ca mériterait une consolidation mais ça reste assez stable. Du coup, heureux de pouvoir retourner sur les traces des découvreurs, Nicolas s'y est faufiler pour parcourir +/-25 m  figurant sur le plan d'époque. En analysant bien le terminus, la conclusion est que ça vaudrait une bonne séance de travail pour tenter de dépasser ce qui ressemble à un siphon mais avec possibilité peut-être de le contourner. Donc, à revoir !



Nous monterons encore, via une escalade,  à la salle supérieur qui vaut vraiment le détour. Elle recèle des traces de mises en charge datées d'au moins 2500 ans ! Au delà, la rivière peut être encore remontée très loin via un long parcours très sportif que nous ne ferons pas aujourd'hui.

La sortie par les puits demande comme prévu un peu d'aisance technique mais faut ce qui faut !

On finira par un débriefing au "Clapotis" à Engis, bistrot de village par excellence où nous ne dénotons pas ;-)

Cuvée 1988, la meilleure année de tout les temps ! Vidange trouvée au pied de la grande salle.








lundi 3 juillet 2023

Grotte des Eaux Chaudes, mon oeil !

Descendus Charlotte, Thomas et moi dans les Pyrénées Atlantiques dans le cadre de notre mission "HéliCAPtère 2023"; nous avions ce dimanche 18 juin 2023 quartier libre et donc la ferme intention d'en profiter en s'organisant une sortie spéléo au plus près de Gourette, notre point de chute pour une semaine.


La Grotte des Eaux Chaudes, située sur les hauteurs de la station thermale des ... Eaux Chaudes (commune de Laruns) était l'objectif idéal. Ni Tom, ni Cha ne la connaissaient. Pour ma part, je l'avais entrevue il y a des dizains d'années. C'était à l'occasion des traçages de Philippe Meus du poljé d'Anouilhas. Nous y avions placé des fluocapteurs qui contre toute attente s'étaient révélé négatifs, contredisant la littérature existante. Et pour cause, plus tard, les explos post siphons des Eaux Chaudes (+10 km/+800 m !) ont démontré que la rivière souterraine trouve ses origines sur les plateaux du pic du Cézy et alentours. Toute une épopée spéléo que celle des explorations de ce système.

Grace à Messenger, j'obtins vite de Brice les renseignements nécessaires pour la visite du réseau classique. Mieux, il se proposa de nous y accompagner !

Et c'est donc en face du restaurant "la Caverne" (ça ne s'invente pas) que nous le retrouvons, non sans avoir copieusement déjeuner au Tremplin où nous avions passé la nuit à même le sol de la salle du restaurant au terme de nos 16 heures de route !

Ok Charlotte, sorry Thomas, la marche d'approche n'est pas si horizontale que ça... ! Mais bon, ce n'est jamais que 200 m de dénivellé ;-) 40 min de marche, en passant devant la petite grotte des Eaux-Chaudes,

Nous emportons, outre le matos photo de Brice qui lui colle à la peau :-), nos néoprènes, meme si au vu des conditions météo qui règnent ici depuis des semaines, on devrait buter sur une rivière probablement en crue. Mais ça, on ne le saura qu'arrivés à la cascade Fajolles puisque la circulation souterraine ne sort plus par l'exsurgence depuis qu'un canal de 600 m l'a capté en amont pour alimenter la centrale hydro-électrique de Miegebat située en contrebas.

D'ici là, c'est un parcours remontant  de +/-1200m qui nous attend, en évoluant dans une galerie de grande dimensions, avec ça et là quelques beaux massifs stalagmitiques, celui de l'entrée étant assez emblématique de la cavité.

Jusqu'au grand chaos, de nombreux restes de passerelles et ponts en bois témoignent de cette époque de l'Impératrice Emilie, où pour occuper les curistes, la cavité avait fait l'objet d'une aménagement. A ce temps là, la rivière passait par ici et on circulait beaucoup en hauteur. Ca devait être impressionnant !

De nos jours, les guides locaux encadrent parfois des groupes en quête d'aventures souterraines. Ils ont équipés la suite de cordes fixes qui permettent ainsi de franchir bon nombre d'escalades, ce qui facilite grandement la progression, ponctuée par ailleurs d'importantes venues d'eau du plafond qui ajoutent de l'ambiance. Franchement, nous sommes surpris des volumes. La "porte mauresque" est le seul rétrécissement notable.







Au fur et à mesure que nous approchons de la cascade Fajolles, le vrombissement de la rivière s'intensifie Une fois l'obstacle remonté (heureusement super bien équip, tout sur broches, beau boulot), nous comprenons directement que le siphon ne sera pas accessible. Déboule de l'amont au min un m3/sec qui s'engouffre dans le tunnel artificiel !


Nous n'enfilerons donc pas nos néos mais via quelques cordes nous pouvons encore progresser un peu par les plafonds dans le canyon qui fait suite. Jusqu'à devoir abandonner au pied d'un court rappel; les parois se resserrant, tout espoir de remonter le courant serait vain. D'ailleurs, une pancarte met en garde sur les dangers d'un coup d'eau à partir d'ici.


Pas grave, nous en avons déjà eu pour notre argent. Et du coup, Brice prend le temps de faire quelques photos d'ambiance, nous prêtant au jeu des poses et des coups de flashs qu'il maitrise très bien.


Et Charlotte continue à en faire  de même, modestement avec son smartphone mais en illustran tmalgré tout fort bien le cheminement.

Sortie fin d'après midi et retour aux véhicules pour profiter de bonnes bières locales et de quelques "chocolatines" offertes par notre ami qui l'air de rien a fait 2 heures de route pour venir avec nous. Merci à lui.

Ci dessous, le plan partiel de la cavité. 
J'ignore à quel altitude nous sommes précisément remonté mais ça ne doit pas être loin de +200m par rapport à l'entrée.
Nous étions à mi chemin pour les siphons, ce qui me fait dire que l'atteindre aurait demandé quelques heures supplémentaire ! Chapeau aux plongeurs de l'époque qui ont menés les explos si loin derrière.


CR Jack, photos de Brice Maestracci et Charlotte Durupt