mardi 1 juillet 2008

L'Ouest Magnétique

Je n'y croyais pas trop ce matin mais finalement la forme y est, l'envie aussi et c'est donc un plongeur motivé qui s'immerge vers 12h. Cette plongée à la grotte du Chalet en cie de Michel Pauwels a pour but de récupèrer mon bi6 qui attend là depuis le 20 février au bord du S3. Si tout va comme nous l'espérons, il est convenu que je les viderai en allant au delà topographier la sortie du S5 et jeter un oeil sur ce S6, terminus de la dernière pointe de Michel.

Le long cheminement noyé et aérien effectué, l'enchaînement des S3-4 et 5 effectué avec la topo sur le carnet, il me reste 10 bars dans chaque bouteille pour la pointe. Pas terrible... Demi tour ? Non, je dois au moins avoir une idée de la gueule de ce S6.

La fin du S5 se termine par un "lac". Dix mètres à la palme et je reprend pied. J'accroche mes palmes à mon harnais et rabaisse mon masque sur le menton pour poursuivre ma progression dans la galerie exondée. Je retrouve le dévidoir de Michel 30 mètres plus loin, abandonné là justement pour attaquer ce S6. J'arrime mon fil, remet mes palmes quand, prêt à m'immerger, j'apercois une petite lucarne triangulaire de 20cm au raz du siphon. Un petit coup d'éclairage derrière et je suis d'ores et déjà convaincu qu'il s'agit d'une simple voute mouillante, ce que suspectait déjà Michel mais avoir pu le vérifier à cause d'un niveau d'eau plus important. Pour plus de facilité, je passe cependant cet obstacle de 3m en scaphandre.

N'étant quand même pas sûr à 100% que c'était bien le terminus de Michel, je progresse debout encore sur une trentaine de mètre avant de me convaincre que je suis en "première". Je décide donc de larguer mon matos sur une petite plage alors que la galerie prend des dimensions raisonables ( 2m de large et 15m de haut). Il n'y a donc pas de S6 !

Et puis j'y vais...je ne sais pas où mais j'y vais... Une galerie basse se présente puis ça s'agrandit... 2m de large et 10m de haut. J'ai du faire déjà une cinquantaine de mètres. Je continue. Une nouvelle voute mouillante me conduit dans la même fracture toujours plus large et toujours plus haute. Quelques cheminées ne manquent pas d'attirer ma curiosité. Il y aurait-il un réseau fossile au dessus de ce collecteur?

Tiens... un bruit de cascade !? Qu'est ce qui se passe là bas? La rivière traverse les bancs de roches en y creusant quelques grosses marmites. De quoi faire perdre la tète au petit spéléo que je suis. Irrésistiblement attiré par l'ouest, je continue. Je ne peut plus m'arrêter.

Surprise : une belle draperie stoppe ma progression. Pas si jolie que ça finalement car fort oxydée et fort sombre, mais 3m de haut et 1m de large quand même, je n'ai jamais vu ce genre de formation.

J'hésite à faire demi tour sur "ça commence à devenir long". J'aimerais poursuivre avec les potes; je commence à fatiguer; mais il y a comme qui dirait du magnétisme dans l'air... Je n'arrive pas à rebrousser chemin. Pourtant, je dois faire face à l' escalade d'un énorme éboulis en évitant de détruire ses sapins d'argiles partiellement calcifiés. UIn énorme bloc complètement calcifié monte la garde là au-dessus. Les possibilités de départ, généralement vers le haut, sont de plus en plus présentes. Un affluent pénétrable (en hauteur) est repéré. Quelques dizaines de mètres inestimables plus loin, je me retrouve en définitve bel et bien sur un S6. Il part en "traversée de banc de roche" et semble descendre...

Là dessus, enfin je reprend le chemin du local, impatient d'aller sabrer le champagne en cie de Jacques Petit qui moins heureux que nous aujourd'hui n'a pas pu suivre.

Je retrouve Michel après plus de deux heures d'absence, bien au delà du temps imparti ! Il venait de passer de son mode veille à une phase de pré-alerte.... Mais ce que je lui raconte y met fin ;-).

Bilan : entre 300 et 400m de nouvelles galeries découvertes dans ce réseau et toujours un S6 à plonger... juste un peu plus loin que prévu ! Reste pour moi à apprendre à topoter hors de l'eau... Mais sans attendre la confirmation des futurs levés, on peut déjà considérer que la Grotte du Chalet fait désormais partie du club des cavités belges dépassant le km !!!

Autant dire maintenant que tout volontaire pour nous nous aider sur cette explo est le bienvenu (portage en vue de 3x2 bouteilles idéalement jusqu'au S3, çad à l'amont de la rivière des Belles Mères). Yaka demander !!!

TPST et SE : 6 heures. La prochaine fois, on prend de la bouffe !


Signé, Nico Hecq, dont c'était ce 29/06/08 l'anniversaire !


(Traduit du "siphonnais" en français par Jack ;-)