samedi 6 septembre 2008

Louctores 2008, un bon millésime


Pas évident de résumer 15 jours de ce camp qui se déroulait du 10 au 26 août 08 sur le lapiaz du Capéran (Massif de Ger, Eaux Bonnes, Pyr. Atl).
Même si nous étions moins nombreux cette année (12 participants, dont trois durant toute la période), nous n'en n'avons pas moins tous vécu le séjour de manière différente. Suivant ses motivations personnelles, sa sensibilité, ses objectifs, chacun aura certainement retenu de ce séjour des choses différentes.


Ainsi, on imagine bien Zoé et Cécile, nos deux cadettes, émerveillées par l'environnement exceptionnel du Capéran, avec ses Isards, ses marmottes, sa source, ses fleurs, ses cailloux ; impressionnées (pas apeurées !) aussi par sa marche d'approche, ses orages, sa neige...

Quand à Maïlis, pour qui s'était le premier séjour en montagne, inutile de dire combien elle gardera de bons souvenirs de ce baptême (et du bon temps passé avec Mathieu ;-).
Grande première aussi pour ce dernier qui découvrait notre terrain de jeu, qui fit surtout son premier -400 ! et qui ouvrit sa première voie en montagne. Çà, c,'était The projet de son paternel, Alain, qui d'ailleurs nous a pondu non seulement une fiche technique de la voie mais aussi son propre récit du camp. Vous pouvez les consulter via les liens repris en bas de page.


Pour Françoise, c'était un retour aux sources, l'occasion de s'évader, revoir la flore des Pyrénées, se reposer (si on peut dire... le voyage, la marche d'approche, l'altitude, la vie au camp, les conditions spartiates...).


Parmi les nouveaux venus cette année, il en est encore un autre qui aura apprécié à sa manière son séjour là-haut, c'est notre p'tit Robert, le "Theck"nicien en taille de pierres.

Montés avec ses burins, pointes et autres éclateurs (ainsi qu'un couteau dont la lame mesurera l'épaisseur de son cuir fessier...), il ne put s'empêcher de remuer des tonnes de rochers pour consolider les fondations de notre abri.

Un vrai travail d'artiste, assisté d'un apprenti en la personne de Lionel qui entre deux portages (pas loin de 10) l'aidait à déplacer et poser les cailloux.

Puis, faut-il vous dire à quoi rêvaient cette fois des gars comme Bando et Fabrice qui s'étaient arrêtés en 2007 à -600 dans le gouffre de Louctores ?



Enfin, il y avait PasC7al (Verkenne dit "Djeu"), qui, contaminé l'an dernier, avait été très inquiet à l'idée de devoir rester en Belgique mais l'était tout autant de savoir qu'il allait bivouaquer sous terre !


Quand à Jack, qu'est ce qu'il allait encore bien pouvoir faire là-bas après y avoir passé depuis fin des années 70' près d'un an de sa vie ? Il nous en dira peut-être plus à travers son carnet de bord et ses galeries photos qui devrait figurer bientôt sur son blog "les Horizons Cachés".


Voyons maintenant ce qu'il en est des grandes lignes et des résultats de ce camp.

Premières déboires en arrivant : celles causés par un gros éboulement sur la piste, juste au dessus de la station intermédiaire, ce qui nous a empêché de bénéficier le premier jour de la navette en jeep jusqu'aux lacs du Plaa Segouné ! Bilan, beaucoup de temps et d'énergie perdus mais sans toutefois mettre en péril l'expédition, et ce grâce à l'efficacité et le dévouement de notre ami Serge qui n'a pas ménagé démarches et efforts pour que notre imposant équipement soit acheminé jusqu'au terminus de la piste. Un grand merci à lui !


Dans le genre mauvaise surprise, il y a eu aussi cette belle couverture de neige qui nous a réveillé le matin du 15 août, juste le jour où arrivait le deuxième contingent, ce qui nous a valu une randonnée de type hivernale.


Mais à part ça Mme la Marquise, tout alla très bien. De la bouffe en suffisance, de la bonne humeur, une météo finalement clémente et en définitive un peu de première. Ce dernier point mérite qu'on s'y attarde un peu.


Bien-sûr, le camp une fois monté (la routine...), il fallut porter jusqu'au trou tout le mato laborieusement rassemblé en Belgique les semaines précédentes : 200 m de nouvelles cordes, 120 amarrages en tout genre, la foreuse et ses accus, hamacs, sacs de couchage, bouffe de fond, etc, etc.

Tout ça déposés aux abords du LC1, après bien des hésitations sur la tactique -et ce à cause de différentes contraintes- le choix fut tout simple : Fabrice, Bando et Mathieu descendent en rééquipant jusqu'à l'entrée du méandre Caliméro où ils déposent deux énormes kits que Jack et Pascal accrocheront aux leurs en suivant à quelques heures pour aller installer le bivouac Mikado au-delà du T.G.V. (tunnel grand vent). Simple mais pas donné ! Ni pour le trio qui une fois son devoir accompli devait ressortir en pleine nuit de -500m... (-435m pour Mathieu qui préfèrera "assurer"), ni pour les deux pointus qui avant de s'effondrer dans leur hamac n'ont pas eu la vie facile avec leurs méga charges.

Le lendemain, après un complément de portage dans le TGV, il ne restait plus qu'à acheminer ficelles, perfo et toute la quinquaille à la pointe, c'est à dire derrière le "Hachoir". Tout un programme ! Méandre redoutable, surtout quand on ne connait pas...

Le temps de voir à quoi ressemblait le fond connu, de jeter un oeil sur les perspectives de shunt du terminus, Jack et Pascal décidèrent alors d'en rester là et de laisser à l'équipe suivante le soin de s'occuper de la suite des explos.


Comme prévu, ce sont Bando et Fabrice qui prirent la relève dès le lendemain, avec pour intention de rentabiliser au mieux leur descente en passant 4 nuits au bivouac. Deux jours furent consacrés à réaliser la traversée et des escalades au sommet du puits terminal, le but étant de rester au niveau de la bonne roche calcaire pour tenter de court-circuiter par un étage supérieur toute la zone schisteuse terminale (de la même veine que la rivière Pouac que l'on perd à -570).


Malgré leur acharnement et leur audace, rien ! Alors, avant de se résoudre à déséquiper, ils fouillèrent une dernière fois la salle terminale, chaotique à souhait. Contre tout attente, en enlevant quelques pierres dans le minable terminus "Glouglou", Bando eu la bonne surprise de de passer dans un prolongement notoire, de dimensions tout à fait respectable. Et après ? Ben, un nouveau rétrécissement... Rien de bien méchant. Un boyau à la "belge" mais qu'il faudra forcer en aménageant un peu. Le suspense sera à nouveau de mise pendant un an, surtout que tout le courant semble passer par là. Un gant déposé au sol reste gonflé par le "souffle" ! Le passage est baptisé "Fout ta cagoule"!


La fin de ce raid fut consacré à la topographie, ce qui permit au retour de découvrir un shunt au passage glouglou. Puis, sortir la foreuse du Hachoir, remonter deux sacs jusque -200 avant de replonger dormir au Mikado (dur-dur ça !) pour le dernier jour replier le bivouac et remonter en déséquipant.


Aidés par Jack à partir du sommet du trou Normand, la sortie n'en fut pas moins des plus éreintante. Surtout pour Bando qui à la descente s'était froissé (fêlé?) une côte en sortant du méandre SNCF. En fait, il nous aura manqué durant toute l'expé au minimum un coéquipier supplémentaire. C'était toi peut-être qui nous lit !?

Bref, tout est maintenant en place pour qu'en 2009 Louctores nous montre ce qu'il a sous la manche ! Même si la fameuse zone de calschiste (le socle ?) n'a probablement pas finit de nous ralentir, savoir que le cavernement y est possible nous fait garder l'espoir d'aller plus loin, plus bas...

Coté chiffres, la profondeur reste quasi inchangée (quelques mètres sous les -600) et les prolongements sont d'une centaine de mètres.