mercredi 20 juin 2012

Aurebède 2009


Jamais trop tard pour bien faire... voici exhumé un compte rendu inédit de nos aventures en "RLC" :-)


Les camps sur le massif de Ger ( Pyrénées Atlantiques, France) se suivent et ce qui pourrait paraitre routinier après tant d'années à se rendre là haut ne l’est décidément pas.
Bien-sûr, il y a encore eu les préparatifs fastidieux mais avec cette fois moins de stress grâce en particulier à l’implication de Marc.
Évidemment, il y eu encore beaucoup d’incertitude sur la présence des participants, la grippe mexicaine ayant bien failli nous priver de la présence des époux Bando-Dethy. Par contre, pourtant cette année sûr de son coup, Robs a dû renoncer à quelques jours du départ, d’où un flou artistique jusqu’en dernière minute pour les déplacements. Un casse-tête rendu d’autant plus problématique qu’il y avait 3 départs échelonnés pour seulement 8 personnes, dont Luc et Jack qui allaient continuer leur séjour en rejoignant l’Interclub Anialarra sur la PSM pour des durées différentes.
On covoiturera finalement au plus économique (camionnettes de JCL, CB et LB), tout en bénéficiant tant à l’aller qu’au retour d’un trafic fluide, ce qui n’est pas pour déplaire quand on va si loin.

Étape de quelques heures au petit matin dans les Landes

Arrivés sur place le mercredi 22/08 à la caserne de Gourette, accueil toujours aussi chaleureux du dévoué Serge et des pompiers de faction.
Mais avec malheureusement d’emblée une mauvaise nouvelle quant à l’état de la piste 4x4, infranchissable depuis quelques jours à la suite d’un orage qui côté Eaux Chaudes avait ravagé quelques 200 toitures (grêle)… Même « couille » que l’an dernier... : Serge nous dépose avec armes et bagages à la station intermédiaire, soit à 2 heures de marche des lacs du Plaa Segouné… Et de surcroît avec peu d’espoir de voir la piste réparée d’ici la fin de notre séjour, la pelle mécanique n’étant pas disponible. Sale affaire pour Jack, Françoise, Marc et Arno venus en « éclaireurs » pour mettre le camp en place avant l’arrivée de Luc et Catherine, Christophe et Anne-So. Condamnés à se farcir les 600 m de dénivellation supplémentaire, ils camperont la première nuit aux abords du lac. Le temps est clair mais le vent très violent la nuit, au point de mettre les tentes d’altitude à rude épreuve. Marc pour qui c’est le baptême du Ger en a déjà pour son argent. Félicitons-le d’emblée pour le courage, son moral et la bonne humeur dont il a fait preuve, malgré on le sait ses facultés physiques diminuées. Lui comme Anne So et Catherine seront évidemment enchanté(e)s pour ne pas dire envouté(e)s par l’ambiance règnant en République Libre du Capéran ! Surtout - autant le dire une fois pour toute- que le grand beau sera de la partie tout le reste du séjour, nous offrant soleil de plomb, océans de nuages à nos pieds, couchers de soleil enflammés et voie lactée. Et à peine une journée moins lumineuse.

 
Revenons-en aux portages supplémentaires nécessaires au bon déroulement de notre projet de poursuivre l’exploration au Gouffre de l’Aurébède (faute de renforts, les recherches au fond du Gouffre du Rocher de Louctores ont été mises en veilleuse cette année). Impliquant les ouvriers de la station et leur chef de chantier, Jack finira le lendemain à faire monter tous le bardas d’un étage en profitant de l’entretien sur le télésiège desservant à partir d’Artigues la cuvette du Plaa Ségouné, elle-même encore à ¾ heures du terminus carrossable. Mais revers de la médaille, la grosse incertitude du coup sur la possibilité d’en profiter aussi pour la descente à la fin du camp.... Faut-il vraiment s’acharner dans ces conditions ? Ne serait-ce pas plus malin de s’installer ici et aller aux Isards par exemple ? Ou monter un camp de fortune aux lacs et rayonner de là ? Mais c’eut été dommage pour ceux qui comptaient bien découvrir le Capéran. Restait aussi la solution de ne viser qu’un petit objectif au fond de l’UL1, voire un phénomène délaissé sur le lapiaz. Finalement, la solution viendra d’Arnaud qui se « sacrifiera » en abandonnant l’idée d’aller sous terre, s’allégeant déjà de son mato spéléo pour se consacrer les jours à venir  aux portages nécessaires au rééquipement de l’Aurébède.
.
Ca n’empêche que deux journées sont d’office perdues, même si le soir même le Capéran est atteint et l’abri monté au finish.



A l’arrivée du reste de la troupe le samedi 25/07 après midi, Serge a la gentillesse de refaire comme convenu une navette mais suivant le même scénario « catastrophe » qui  inciteront les nouveaux arrivés à reconditionner leur matériel en fonction de la nouvelle donne, attentif dès lors à la formule «petit ça+ petit ça+petit ça= déjà trop lourd ». Leur premier portage d’une longue série sera donc aujourd’hui celui de l’essentiel, accompagnés à partir de la station supérieur du télésiège de JC et Arnaud venus à leur rencontre via les cols du Ger et du Plaa Segouné pour, eux aussi, se recharger les épaules. Direction le camp qu’il est toujours agréable d’atteindre quand on a que sa tente à planter et sa gamelle à présenter pour souper sous l’abri collectif déjà en place.

Dimanche 26/07 : c’est une belle journée de portage qui s’annonce à nouveau (chouette !!). Mais sur le trajet de la veille, ça a chauffé dans les godasses. Catherine s’en sort avec quelques ampoules qu’elle arrive à soigner mais Luc n’a pas cette chance. Lors d’une sortie vers les toilettes avec vue sur mer svp (de nuages bien sûr), les lambeaux de peau qui restaient accrochés à ses talons s’arrachent. A vifs, il ne peut pas se permettre de rechausser ses pompes et ne pourra donc pas nous accompagner aujourd’hui. Au bout du compte, il passera le reste du séjour en sandales, que ce soit sac au dos, sur le lapiaz ou dans les pierriers, ce qui lui donnera un petit air de pèlerin (nous ne sommes pas loin de Lourdes). Mais pas question de mettre ses blessures macérer sous terre et hypothéquer les explos sur Anialarra.


Départ en groupe via le col de l’Aucupat pour varier les plaisirs et donner l’occasion aux « bleus » de découvrir le secteur. Et tandis que certains rentrent directement au camp, Jack, Bando, Anne-So et Catherine s’en retourneront jusqu’au dépôt (avec même un crochet à la station intermédiaire pour récupérer les affaires laissés là.). Plus chargés encore que la veille, le chemin inverse effectué sous un soleil de plomb sera comme il se soit inoubliable. Mais en fin de compte, ce dernier effort aura permit de ravitailler pour de bon le camp mais aussi de déposer au passage le matos spéléo au col de Ger, à quelques jets de pierres de l’objectif situé côté lapiaz de l’Amoulat, l’AM231, alias l’Aurébède.

Ce dernier trajet nous aura permis d’apprécier à sa juste valeur l’aide que nous ont apporté Anne-So et Catherine. Selon la tradition (surtout perpétuée par Jack toujours à l’affût d’un bon mot) nous rebaptisons Catherine, Cath x Cath (et plus tard Cath² seulement pour les génies en mathématique) et Anne-Sophie,  Âne-So (évidemment) mais attention : dans le sens noble du terme, en référence aux ânes de bât toujours vaillants et qui ne rechignent jamais à la tâche :o). Tout ça méritait bien en fin de journée une bonne douche (solaire) chaude et un bon plat préparé par les amis.


Tout ça mis enfin en place, l’équipe de pointe (Bando et Jack) réduite à sa plus simple expression, effectue une première descente dans la foulée le lundi 28/07, la première tâche étant de remplacer une grande partie des cordes en place par 400 m de 9 mm neuves. Faut dire que celles que nous avions installées lors des camps précédents n’étaient plus très fraîches, la plupart ayant déjà fait leur vie soit dans l’UL1, soit au LC1.
Approche A/R et TPST (10h) confondus, ce sera déjà une belle sortie, bien chargés, pour rebrousser chemin vers -300, à bout de la première C200, les cordes encore potables étant réaffectées aux mains-courantes. Il nous faudra 2 heures pour sortir, malgré une certaine fatigue accumulée les jours précédents. Toujours bon à savoir pour la suite.

Au camp, les filles ont cherché le soleil toute la journée. La mer de nuage à marée haute. Le temps de bronzage se comptait en minutes. Fallait vivre  ça au moins une fois pour dire de connaître le Capéran !

Marc, Arnaud et Luc (en tenue décontractée, jeans, baskets et sandalettes, plus adaptée à la vallée qu’a la randonnée à cette altitude) se sont mis à la recherche de quelques chantiers qu’ils n’ont évidemment pas trouvés dans la brume.


Mardi 28/07. Aujourd’hui, c’est une journée de repos. Du repos tout relatif car nous en profitons pour faire du repérage en surface.

Jack, Marc, Arnaud et Luc arpentent le lapiaz à l’ouest du Capéran en compagnie de Françoise et de Catherine qui profitent de l’occasion pour observer fleurs et isards. Durant la journée, les hommes repèrent, pointent au GPS et marquent ou remarquent une série de trous.
Le cas du UL70 est à relater. Nos prospecteurs  redécouvrent un trou marqué UL sans que le numéro ne soit lisible. Ils décident de le remarquer UL70, pensant que ce chiffre était suffisamment élevé pour ne jamais avoir été utilisé. Manque de pot, plus loin ils tombent sur un nouveau trou marqué UL…70 évidemment. Ce dernier est rebaptisé UL 76 par un savant travail de faussaire. De toute manière, rien de vraiment transcendant.

Leur prospection les amène à découvrir à quelques mètre du chemin que nous empruntons depuis toujours pour nous rendre au LC1 : une terrasse travaillée par la main de l’homme et retenue par un véritable ouvrage de maçonnerie. A quoi a-t-elle pu bien servir à cet endroit ? Et quand ?


De son coté Bando s’est mis en tête d’aller avec Anne-So côté Louctores pour descendre à partir du gouffre LC 1 jusqu’aux abords de la forêt et arpenter ainsi le lapiaz visible sur les photos aériennes via Google Earth.  Le but est d’essayer d’aller à l’aplomb de notre pointe actuelle (à -600m de profondeur).
La progression s’avèrera très difficile. Les nombreux à-pics qui en surface séparent l’entrée du gouffre et sa pointe, les obligent à de longs détours. Faute de bien connaître l’endroit, ils préféreront jouer la carte de la sécurité. Que ceux qui pensaient avoir atteint le bout du monde en allant au Rocher de Louctores se détrompent, il est plus bas, là où d’énormes névés au pied de falaises grises dominent une vallée où serpentent des petits canyons creusés dans une roche fauve, le tout au milieu d’une pente herbeuse d’un vert éclatant.

Un coin de montagne sauvage, magnifique mais pas à la hauteur des attentes de Bando. Certes, c’est du calcaire mais lisse comme une peau de bébé, abrupte et sans la moindre anfractuosité. Et pas question de se planter ici... Ce n’est donc pas sur cette zone que nous trouverons un regard sur le réseau de Louctores. S’il existe une autre entrée, c’est plus bas dans la forêt qu’elle se cache. Finalement, il sera plus commode de la chercher de l’intérieur.
Retour au camp en perdant encore de l’altitude pour passer au pied des rochers et enfin pouvoir remonter par l’interminable pente herbeuse. Chaud et soif... encore une journée ardue pour Christophe qui doit remettre les pieds sous terre demain.

Mercredi 29/07
Nos problèmes de logistique nous inquiètent beaucoup. Demain sera peut-être la dernière occasion de faire redescendre le matériel du dépôt via les « remontées » mécaniques. En prévision de ça, Arnaud rapatrie déjà une partie du matériel côté « Gourette ».
C’est aussi, suivant le planning établi, déjà la dernière occasion d’aller sous terre. Christophe raconte :

"Aujourd’hui, dernier jour de spéléo. Il va falloir y aller à fond ! Jack et moi décidons de nous lever tôt (8hr00 quand même...on est en vacances)
Et puis, nous n’avons jamais dis que l’on partirait tôt pour autant !


Zombie...
Nous pénétrons dans le trou à 11h30. Nous n’en sortirons que le lendemain à 3h00 du matin et pour ne retrouver nos plumes qu’à 4h30. TPST : 15h30 ! Personne ne nous aura attendu cette fois pour nous préparer un petit repas rien que pour nous. Evidemment compréhensible.

Nous y avons été au finish ! Arrêt sur fin de batterie de la foreuse, fin d’amarrage et bout de corde à mi-puits vers la cote -400. 86 moustifs ont été utilisés dans ce trou jusqu’à cette profondeur. En théorie, il ne reste que 80m à descendre pour toucher le terminus de 1973 et pouvoir évaluer si nous serons capables de trouver une suite en mettant en œuvre nos techniques actuelles.

Le plus gros du travail est maintenant fait.
Superbe trou, facile d’accès. Bien vite l’an prochain qu’on y retourne.
Le trou de ces messieurs est servi !!!

Notons que, durant la journée, Catherine et Anne-So nous ont fait un petit exercice secours. Dans la matinée, elles ont perçu un sifflement venant du col qu’elles ont interprétés comme un appel à l’aide. N’écoutant que leur courage, elles se lancèrent à l’assaut de la pente herbeuse pour nous venir en aide à Jack et moi. Evidemment, nous n’avions rien sollicité du tout, nous vaquions « paisiblement » à nos activités et elles ne trouvèrent personne à secourir. Réflexion faite, nous ne pensons pas qu’en cas de problème nous nous serions séparés pour appeler à l’aide. Il va falloir que nous nous penchions sur la question sérieusement pour notre prochaine expé."

Jeudi 30/07

Les gars de la station nous avait été donné rendez-vous à 13hr00 pour nous descendre notre matériel via les télésièges.

Luc, Arnaud, Catherine, Anne-So et Chrisotphe prennent le départ pour la station et récupèrent en route le matériel spéléo laissé la veille (disons plutôt le matin même) au col de Ger en sortant du trou. Vu sa blessure, Luc abandonne sa charge sur le col du Plaa et les autres terminent leur randonnée vers la station. Arrivés à l’avance, grosse inquiétude en ne voyant pas les ouvriers travailler comme prévu au télésiège. Pire, force est de constater que tous les tableaux électriques de l’arrivée ne sont plus alimentés… Catastrophe !!! Ca signifie qu’il va falloir suer sang et eau pour redescendre tout le matériel vers la station intermédiaire où Serge pourra venir nous chercher en pick-up. Soudain, imperceptiblement, le bruit de moteur d’un 4x4 se fait entendre. Tout d’un coup, un pick-up sort du brouillard. C’est un véhicule de la station. Les gars qui en descendent expliquent que c’est leur dernier jour (ils ont bossés dur pour ça), qu’ils ont coupé l’électricité et pour cette raison ne pourront pas descendre de matos par le téléphérique. Qu’importe ces mauvaises nouvelles, si ils sont passés (ils ont du faire quelques aménagements), Serge peut lui aussi venir jusqu’ici et embarquer notre matos !
Coup de téléphone dans la foulée (ici, le GSM passe) pour lui expliquer la situation et lui donner rendez-vous le lendemain à 13h30. Ouf !
 

Vendredi 30/07

Départ un jour plus tôt pour Luc, Catherine, Marc et Arnaud. L’arrangement avec Serge prévoit qu’il descende avec le matériel et les trois mecs pour permettre à Luc de remonter son VTT au Plaa où Catherine l’attendra. Luc espère ainsi profiter d’une fantastique descente le lendemain (il la fera en moins de 20 minutes).

Jack fait le chemin avec eux pour un ultime portage et revient au Capéran en musardant du coté d’Amoulat. Repos et début d’inventaire pour Françoise, Anne-So et Christophe.


Sameidi 01/08

Après un réveil matinal, le démontage de l’abri et le rangement dans nos différentes caches, voici le moment de dire au revoir au Capéran pour Jack, Françoise, Anne-So et Christophe. Le retour se fait par la pente herbeuse, le bois et le plateau de Bouy, ce qui s’avère être une longue marche fatigante mais superbe qui permet d’observer le massif d’une autre manière et donner de nouvelles perspectives de prospection notamment pour les bas flancs de Louctores.

Rassemblement début d’après-midi au pied de la station de ski. Et d’apprendre que la veille, le trajet en 4x4 fut périlleux dans les deux sens pour Serge et que nous avons beaucoup de chance que le matériel soit descendu… On ne le remerciera jamais suffisamment pour tout l’aide qu’il nous apporte. Cette nouvelle expérience est pour le moins contrariante. Le transport de notre matériel devient de plus en plus aléatoire. Il est temps de penser à trouver une variante, ce serait bête d’abandonner ce si beau massif.

Une douche chez les pompiers, une réorganisation de la charge dans les voitures et nous allons prendre un verre au Valentin., ce petit restaurant à Eaux-Bonnes où nous essayons chaque année de terminer nos expéditions. Cette fois, il est trop tôt pour souper mais nous avons le plaisir d’y boire une bonne soupe, servie par la patronne toujours aussi alerte malgré son grand âge. Puis viendra trop vite l’heure de prendre la route versla Belgique pour la plupart. Seuls Luc et Jack restent et passent sous un orage carabiné côté Pierre Saint-Martin où ils retrouveront  le SC Avalon pour participer pendant une semaine aux explorations sur le méga réseau d’Aniallara. Voir le récit et le diaporama sur Les Horizons cachés


1 commentaire:

  1. - Une remarque: ça me donne vraiment envie de monter un jour sur ce magnifique massif des Pyrenees que je ne connais pas encore.
    - Un encouragement: continue à écrire des récits comme ça - c'est tellement bien écrit (et dedju Jack: quand est-ce que tu vas enfin écrire tes mémoires!!)
    - Une suggestion: répare le lien vers le diaporama sur Anialarra car il ne fonctionne pas

    RépondreSupprimer

Salut,
Une remarque, un encouragement, une suggestion, voici l'occasion de vous exprimer sur cette page.
Jack